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Les critiques de Julien Brnl
Guy
Réalisateur(s) : Alex Lutz
Article mis en ligne le 12 septembre 2018

par Julien Brnl

➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 29 août 2018

Signe(s) particulier(s) :

  • second film du comédien Alex Lutz après « Le Talent de Mes Amis » en 2015 ;
  • dans le rôle de Gauthier, le cameraman et journaliste qui donne la réplique dans le film au personnage d’Alex Lutz, on retrouve Tom Dingler, qui n’est autre le fils du chanteur Coockie Dingler ;
  • pour les besoins du film qui suit à la façon d’un documentaire le quotidien d’un chanteur fictif âgé, une bande-originale a été spécialement concoctée (par Vincent Blanchard et Romain Greffe), elle qui est composée de chansons de variétés (reprises ou non de titres préexistants), toutes interprétées par Alex Lutz lui-même, et même parfois en duo ;
  • l’idée de réaliser un « faux documentaire sur un chanteur que les médias ont peut-être oublié » est venue des créations de personnages d’Alex Lutz sur scène, ainsi que suite à ses réflexions sur le temps qui passe, et le filiation.

Résumé : Gauthier, un jeune journaliste, apprend par sa mère qu’il serait le fils illégitime de Guy Jamet, un artiste de variété française ayant eu son heure de gloire entre les années 60 et 90. Celui-ci est justement en train de sortir un album de reprises et de faire une tournée. Gauthier décide de le suivre, caméra au poing, dans sa vie quotidienne et ses concerts de province, pour en faire un portrait documentaire.

La critique

Avec son second film, Alex Lutz nous propose de rencontrer Guy Jamet, un chanteur de variété française qui revient sur le devant de la scène (même s’il ne l’avait jamais vraiment quittée), suite à la parution d’un double best-of. Alors que se prépare un marathon d’interviews et de concerts, l’artiste accepte qu’un jeune journaliste nommé Gauthier le suive sur les routes de France. Sauf que, ce que le chanteur ignore, c’est qu’il est le père de ce dernier, et que sa démarche n’est donc pas anodine...

Entre anecdotes, confidences, émissions de télévision, ou extraits de concerts, ce faux documentaire sur la vie d’un artiste autrefois adulé, mais qui ne lâche pourtant pas le micro, est tellement juste qu’on est à même de se demander si le comédien et réalisateur Alex Lutz n’aurait pas déjà vécu une autre vie ! Car outre les liens de filiations dont traite son film, avec pudeur et respect, « Guy » est un arrêt sur image pour le moins très réaliste sur la carrière d’une célébrité.

Pour rendre un résultat aussi authentique, et cela malgré l’aspect purement fictif du chanteur, Alex Lutz et son équipe ont fait preuve d’une qualité de travail saisissante. En commençant par le maquillage, pour lequel l’acteur devait passer en quatre à cinq heures par jour afin de pouvoir se glisser dans la peau du vieillard. Mais ce grimage reste très peu face à l’interprétation habitée du comédien, aux mimiques, à la voix ou encore à la posture parfaitement d’occasion. Aussi, le travail réalisé sur la photographique est très réussi, tandis que les propos racontés dans le film traversent parfois les années, notamment à l’aide de flash-back, ou de clips vidéo, qui semblant par ailleurs avoir été tourné des décennies auparavant. À ce titre, et malgré quelques longueurs, la mise en scène permet d’en dévoiler un peu plus sur ce personnage au fil de son portrait, notamment lors de front-facing caméra, ou de moments de retrouvailles entre Guy et des personnalités, quant à elles bien réelles (telles que Julien Clerc, ou Dani). Mais c’est véritablement lorsqu’il est sur scène et qu’il répète que Guy Jamet se livre, pas forcément avec concession, mais suffisamment pour comprendre que le gaillard a vécu.

Alex Lutz réalise ici une seconde réalisation très originale, car innovante dans sa démarche, avec beaucoup de lucidité dans les émotions qu’il souhaite nous transmettre, que ça soit autour du temps qui passe, de la vie d’artiste, ou de l’amour filial. D’ailleurs, la tournure de la relation père et fils ici développée n’en fait pas des tonnes, voire quelques grammes, tout en se suffisant à elle seule pour en percevoir les sentiments du cameraman à l’égard de ce père qu’il n’avait jamais connu, et qu’il découvre pour la première fois dans son intimité.

Filmé sous le soleil provençal, « Guy » montre (au grand jour) toute l’étendue du talent d’Alex Lutz, aussi bien dans la peau d’une gloire aussi vieillotte que touchante, qu’au niveau de sa réalisation portraitiste.



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