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Sebastian Meise
Große Freiheit (Great Freedom)
Sortie le 16 février 2022
Article mis en ligne le 7 novembre 2021

par Charles De Clercq

Synopsis : L’histoire de Hans Hoffmann. Il est gay et l’homosexualité, dans l’Allemagne d’après guerre, est illégale selon le paragraphe 175 du Code pénal. Mais il s’obstine à rechercher la liberté et l’amour même en prison...

Acteurs : Franz Rogowski, Georg Friedrich, Anton von Lucke, Thomas Prenn

Si le synopsis laisse entrevoir un « biopic », il n’en est rien. Il ne s’agit donc pas de montrer à l’écran la vie de M. Hans Hoffmann. En revanche, ce personnage est emblématique de nombreux hommes qui tombèrent sous la coupe du « paragraphe 175 » que nous évoquions dans la critique du film Der Staat gegen Fritz Bauer.

L’essentiel du film se déroule en prison sur trois périodes de dix ans environ (et pas en ordre chronologique) : au milieu des années 50 et ensuite en 1945, en flashback d’une situation où Hans (Franz Rogowski) rencontre Viktor (Georg Friedrich), ensuite vers la fin des années 60 au moment où l’aggravation du paragraphe 175 est levée. Dans la foulée Hans sera libéré, mais qu’adviendra-t-il de sa vie d’homme libre, lui qui, finalement, n’a connu l’amour qu’en prison, notamment avec Leo Giese (Anton von Lucke) et Oskar (Thomas Prenn) ? Ses rencontres furtives, illégalité de l’homosexualité oblige, l’ont mené en prison sous le régime nazi. A la fin de la guerre, libéré, il est tout aussitôt réincarcéré sous le joug de ce fameux paragraphe 175. Große Freiheit est un film de prison et nous a fait songer, par certains côtés à l’unique film de Jean Genet, Un chant d’amour, un court-métrage muet, en noir et blanc, de 1950. C’est toute l’ambiance équivoque, poisseuse, violente qui est rendue dans ce film qui ne fera quasiment jamais sortir ses protagonistes et les spectateurs des murs de la prison. Le film est à la fois oppressant et dramatique tout en s’illuminant des rares moments de tendresse, d’affection que certains peuvent gagner en jouant, notamment, sur les règles punitives pour se retrouver l’espace de quelques heures.

Franz Rogowski est remarquable dans ce film et, malgré ses 35 ans, il arrive à rendre compte à l’écran et à habiter son personnage depuis ses vingt ans environ jusque la cinquantaine, sans que cela nuise à la crédibilité du récit [1]. L’acteur était déjà remarquable et remarqué dans Transit et Undine de Christian Petzold ou A Hidden Life de Terrence Malick. Il arrive ici à transmettre l’émotion de son personnage, le désir d’amour (de corps et de cœur) qui l’habite, le fait vibrer, le consume et lui permet de tenir le coup dans la prison et d’y trouver, en quelque sorte sa demeure et son refuge. Georg Friedrich, Anton von Lucke et Thomas Prenn ne sont pas en reste et donnent une densité à ce récit qui nous permet de (re)découvrir qu’il n’y a pas si longtemps encore l’homosexualité était condamnée et vivement réprimée dans des pays qui nous sont proches. A noter que la réhabilitation des condamnés de la période nazie ne sera votée qu’en 2002 et que ce n’est qu’en mars 2017, que le gouvernement fédéral allemand décidera de réhabiliter les 50 000 personnes poursuivies pour homosexualité en RFA après la Seconde Guerre mondiale (source Wikipedia).



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