Bandeau
CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Michael Dougherty
Godzilla II : Roi des Monstres
Sortie le 29 mai 2019
Article mis en ligne le 10 juin 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • après les reboots « Godzilla » (2014) de Gareth Edwards et de « Kong : Skull Island » (2017) de Jordan Vogt-Roberts, « Godzilla II : Roi des Monstres » est le troisième film du « MonsterVerse », un univers de fiction distribué par Warner et produit par Legendary Pictures en partenariat avec Toho (le studio japonais qui a produit la série des « Godzilla » entamée en 1954 avec le long métrage culte d’Ishirō Honda) ;
  • trente-troisième film mettant en vedette le lézard géant radioactif ;
  • le prochain film du « MonsterVerse » sera « Godzilla vs Kong », réalisé par Adam Wingard (« You’re Next », « Death Note »), et qui sortira l’année prochaine.

Résumé : L’agence crypto-zoologique Monarch doit faire face à une vague de monstres titanesques, comme Godzilla, Mothra, Rodan et surtout le redoutable roi Ghidorah à trois têtes. Un combat sans précédent entre ces créatures considérées jusque-là comme chimériques menace d’éclater. Alors qu’elles cherchent toutes à dominer la planète, l’avenir même de l’humanité est en jeu…

La critique de Julien

Depuis plusieurs années, les films de monstres géants, appelés « kaijū eiga », ont la cote. Initialement associé au contexte d’un Japon post-Hiroshima, ce genre de cinéma d’origine japonaise fut initié en 1954 par Ishirō Honda et son « Godzilla ». Réalisé à l’époque avec des maquettes de villes en carton et des acteurs costumés en monstres en latex, autant dire que la cuvée actuelle n’a pas rien à voir avec la précédente dans sa conception. Suite directe du reboot « Godzilla » (2014) de Gareth Edwards, et mise en bouche avant l’affrontement entre les géants (parmi les géants) Godzilla et King Kong dans « Godzilla vs Kong » (quant à ce dernier rebooté il y a deux ans dans le film de Jordan Vogt-Roberts « Kong : Skull Island »), « Le Roi des Monstres » voit s’affronter le lézard géant à d’autres créatures cinématographiques appelés les « Titans », ayant d’ailleurs déjà fait leur preuves en solo dans les films du studio Tōhō, tels que Mothra, Rodan, et l’ennemi ultime à trois têtes King Ghidorah.

Réalisé par Michael Dougherty (auteur de l’original film horrifique de Noël « Krampus »), l’intrigue du film débute cinq années après les événements survenus dans le film de Gareth Edwards. Celle-ci tourne alors autour d’un couple divorcé, composé de Mark Russel (Kyle Chandler), photographe menant des études sur les meutes de loups, et de la paléobiologiste Emma Russell (Vera Farmiga), travaillant pour l’organisation militaire secrète Monarch, ainsi que de leur fille Madison (Millie Bobby Brown, de la série Netflix « Stranger Things »), tandis qu’ils ont perdu leur fils Andrews lors de la destruction de San Francisco cinq ans plutôt, lors du combat entre Godzilla et les MUTO. Or, depuis ce drame les ayant traumatisé, Emma a poursuivi le projet commun qu’elle tentait de mettre au point avec son ex-mari, l’Orca, soit une machine capable de capter et reproduire les signaux émis par les Titans, afin de les animer, et maîtriser. Alors que l’un de ces spécimens est sur le point de naître sur le site chinois de Monarch, voilà qu’un groupe « d’écoterroristes » prend en otage la scientifique et sa fille, ainsi que l’Orca, dans le but de réveiller le Monstre Zéro, une hydre dorée à trois têtes, nommé Ghidorah, et prédateur alpha, situé quant à lui en Antarctique, sur le site 32... Pendant ce temps-là, à Washington, Monarch, accompagnée par Mark Russel (informé de la situation de sa famille), est interrogée par la Cour de justice américaine sur son avenir, et celle des Titans, alors considérés comme une grande menace pour l’humanité, devant être détruite. Quant à Godzilla, qui se tait dans l’océan depuis cinq ans, le voilà qu’il approche de la base principale de Monarch comme il ne l’avait plus fait auparavant, tandis que Mark comprend que quelque chose n’est pas commun chez Godzilla, lequel se dirige en fait vers l’Orca, ou quelque chose de plus gros situé au même endroit… Alors que certains pensent que l’extinction massive que craint l’humanité a déjà commencée, et que les Titans représentent la clé de survie de la planète, la situation qu’ils avaient envisagée va vite dégénérer, alors même qu’ils pensaient pouvoir la contrôler…

Loin de convaincre, « Godzilla : Roi des Monstres » mettra au moins tout le monde d’accord pour la qualité de son bestiaire. On y retrouve forcément Godzilla, plus radioactif que jamais, mais aussi Mothra, Rodan et King Ghidorah. En tout, les Titans sont au nombre de dix-sept, mais seulement ces derniers ont droit ici à un nom (bien qu’on en croisera furtivement d’autres à l’écran), ainsi que King Kong (tandis que le gorille, lui, n’apparaîtra pas encore maintenant). Pour la petite histoire, la mite géante Mothra est apparue pour la première fois à l’écran en 1961 dans un film lui étant entièrement dédié (réalisé par Ishirō Honda), avant de connaître plus d’une quinzaine d’apparitions, dont une trilogie. Souvent considérée comme une alliée, cette divinité protectrice jouera un rôle essentiel dans cette guerre des monstres. Quant à Rodan, un ptérodactyle et démon de feu au potentiel destructif immense, capable de raser des villes entières par ses simples battements d’ailes, il est apparu pour la première fois dans un film solo en 1956 (également réalisé par Ishirō Honda). Même s’il s’est allié à Godzilla à plus d’un tour au cours de ses apparitions sur grand écran, Rodan sera ici l’un des maillons destructeurs du film, au même titre que King Ghidorah, d’origine extra-terrestre, et considéré comme l’ennemi juré de Godzilla. Au départ formé par trois petites créatures ailées, ayant reçus les mêmes radiations, puis ayant fusionnées ensemble, cette sorte de dragon à trois têtes, au souffle électrique, est la cerise sur la gâteau pour les fans de grosses bébêtes.

Visuellement, ces Titans sont très bien rendus, et sont magnifiques à voir. « Godzilla II : Roi des Monstres » peut sans aucune hésitation être qualifié de cinéma bourrin, tant le spectacle offert ne lésine pas sur les moyens. Mais à quelle(s) fin(s) ? Car cette surenchère de batailles en est aussi l’un de ses points faibles. Trop, c’est trop, et à vrai dire, ça ne s’arrête jamais dans ce film. Le spectateur n’a alors pas une seule seconde de répit dans ce film qui fatigue, et qui finit par irriter, plutôt qu’irradier par sa puissance. Aussi, la notion d’échelle entre humain et monstre n’est que trop peu utilisée, ce qui donne à voir deux univers distincts au sein d’une même planète. Finalement, on a l’impression que deux guerres se disputent en même temps dans ce « Roi des Monstres », alors que le résultat de ces retrouvailles (monstrueuses) est d’origine humaine, et que l’une n’est donc rien sans l’autre… À cet égard, l’intrigue, à hauteur humaine, ne se soucie guère de l’impact dévastateur du passage des Titans envers la population mondiale. Certes, les chaînes d’informations diffusent des images catastrophiques, mais cela s’arrête là. Ici, il n’est question que d’une famille, déchirée par le drame de la perte d’un enfant quelques années plus tôt, et de pions narratifs qui tournent autour. Mais aucun d’entre eux ne parvient à soulever un quelconque intérêt émotif, la faute à une écriture, à son tour, (totalement) désastreuse.

Pas grand-chose ne fonctionne au sein de cette histoire motivée à la base par un message écologique extrémiste déjà entendu, et évoluant dans un monde politique qui peine à prendre des décisions. De plus, on a littéralement l’impression que les personnages ont fumé quelques joints, étant donné des prises de décisions irrationnelles, et des retournements de situations indigestes. Ils avancent sans réfléchir, à terme, aux conséquences de leurs actes, sans queue ni tête, et dont la première victime sera leur allié… Triste, d’autant plus qu’ils s’y reprendront à plus d’une fois ! Le film de Michael Dougherty en devient alors énervant, tant son scénario tourne autour d’une succession de mauvaises idées. Et puis, à force de vouloir trop en faire, le film tire en longueur, et ne donne alors qu’à y voir un déferlement de scène de bastons, certes grandioses, mais peu inspirées.



Espace privé RSS

2014-2024 © CINECURE - Tous droits réservés
Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 5.0.11