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CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Remy van Heugten (2015)
Gluckauf
Sortie au BRFF le 8 juin à22h00 (Flagey 1)
Article mis en ligne le 9 juin 2015

par Charles De Clercq

Synopsis : Lei, la cinquantaine, vit de petits boulots et surtout de petites combines pour survivre car ça fait bien longtemps que les mines ont fermé alors qu’elles procuraient du boulot à toute la région depuis des lustres. Quand Jeffrey découvre que son père est endetté auprès de Vester, un criminel local bien connu de tous, il décide de l’aider. Ces deux là, ils s’aiment, mais qu’est-ce qu’ils ont du mal à l’exprimer. La vie va pourtant les rapprocher comme si le lien père-fils était indéfectible à jamais malgré tout ce qui peut arriver. Mais le pire va arriver.

Acteurs : Johan Leysen, Ali Ben Horsting, Vincent van der Valk.

Gluckauf explore les relations pères/fils que je formulerais ainsi :
La faute des pères rejaillira sur les fils jusqu’à la troisième et quatrième génération.

C’est que les fils héritent des dettes de leurs pères. Douloureux héritages qui se transmettent dans la violence. Gluckauf rend très bien cette ambiance en se concentrant sur l’aspect relationnel plus que sur celui des gangsters et de ce milieu interlope de province. Hormis les dix dernières minutes qui jouent un peu trop sur l’émotion et qu’il aurait été judicieux de traiter avec plus de rigueur et de pudeur, la réalisation, le scénario et les acteurs sont excellents.

Dès le premier plan, les clés et la grille de lecture nous sont données, clés qui enferment également les personnages dans leurs rôles. Une femme s’enfuit, laisse tomber ses courses et s’engouffre dans une maison. C’est qu’une voiture la poursuit, un homme en sort, fusil de chasse à la main. Il tire plusieurs coup de feu en l’air puis vers la maison. La femme apeurée sort. L’homme, Lei, appelle Jeffrey. C’est son fils, pas encore adolescent. La femme, impuissante, le laisse aller vers Ley. L’enfant, heureux entre dans la voiture. Ce sera un des rares moments de présence féminine à l’écran. La mère reviendra plus tard pour dire à Ley : « C’est toi qu’il (Jeffrey) à choisi ! ». Le plan suivant nous montre le père et le fils à la chasse. Il y a connivence entre le père et l’enfant. Le père initie son fils. Ces deux là s’entendent, c’est sûr et cela durera, à tel point qu’une transition nous fera basculer une bonne quinzaine d’années plus tard. Père et fils, désormais jeunes adultes sont toujours ensemble, à la chasse, en connivence.

Mais le fils est toujours tributaire du père. Il faudra remonter plus haut, au père du père pour comprendre. En fait de remonter, c’est plutôt descendre qu’il faudra faire, dans un puits de mine. Comment s’en sortir, comment se passer de cet héritage ? C’est que le père (Ley) quand il était encore tout petit était descendu à la mine, avec son père, dans ce repaire de mineurs. Et là, Ley a perdu son père. C’est que ces hommes de la mine, le visage noirci par le charbon se ressemblaient tous. Là, plus aucun point de repère dans ces tréfonds de la terre. Douloureux héritage !

Le père fait des petits boulots plus ou moins honnêtes (et plutôt moins que plus !) et il connaît un certain Vester, caïd de la pègre locale. Il doit de l’argent à ce petit parrain qui connait pas mal de monde. Jeffrey rencontrera Vester. Ce dernier a beaucoup d’estime pour Lei et semble presque paternel avec son fils. Mais Jeffrey qui peine à trouver son indépendance face à ce père dont il est si difficile de se démarquer va trouver un moyen de retourner la situation. Il va racheter la dette de son père. Plus encore que de se porter garant pour lui, il l’efface, prenant sur ses épaules le joug de son père. Dès lors, c’est lui le fils qui a la position dominante. Endetté, il est libre.

Pour payer cette dette, il devra devenir homme de main de Vester. Régler ses comptes en son nom à ceux qui sont débiteurs. Ceux-là seront tabassés (ce que Venster ne faisait pas pour Lei, lui qui connaissait aussi le père de celui-ci). Plus tard, Jeffrey changera de statut pour participer aux deals, notamment un trafic de drogues (en Belgique pour l’anecdote). Sur ce coup, père et fils seront ensemble mais la compétence du fils (maîtrise et compréhension du français) sauvera une situation difficile.

Le père et le fils s’aiment, assurément. Mais quand pour gagner plus d’argent, cela vire au trafic de femmes, cela devient dur pour Lei. Lui ne voudra pas poursuivre au contraire de Jeffrey. Les failles sont là, mais ils s’aiment toujours. Cependant l’heure vient et c’est maintenant où les choses iront mal et pour le fils et pour le père. Je ne dévoile pas la suite de l’intrigue, mais s’il y a des ruptures dans la chaine de l’héritage et de transmission que deviennent les dettes et les fautes du passé ? Et s’il n’y a plus de fils, la malédiction sera-t-elle levée ? Et si sur les douloureuses blessures du temps, sur les failles des uns et des autres, sur les souches d’un arbre qui plante ses racine bien profondément dans la mine, un fils était donné, rameau d’un avenir prometteur, sans héritage ?

Diaporama

Bande-annonce (VO hollandaise sous-titrée en flamand) :

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