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Sebastián Lelio
Gloria Bell
Sortie le 1er mai 2019
Article mis en ligne le 8 mai 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • Sebastián Lelio réalise ici le remake de son propre film « Gloria » (2013), tandis qu’il avait été choisi en 2014 pour représenter le Chili aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger, prix qu’a remporté quatre ans plus tard le cinéaste avec son film « Une Femme Fantastique ».

Résumé : La cinquantaine frémissante, Gloria est une femme farouchement indépendante. Tout en étant seule, elle s’étourdit, la nuit, dans les dancings pour célibataires de Los Angeles, en quête de rencontres de passage. Jusqu’au jour où elle croise la route d’Arnold. S’abandonnant totalement à une folle passion, elle alterne entre espoir et détresse. Mais elle se découvre alors une force insoupçonnée, comprenant qu’elle peut désormais s’épanouir comme jamais auparavant…

La critique de Julien

Les portes d’Hollywood s’ouvrent au réalisateur chilien Sebastián Lelio. Après le sacre il y a deux ans de son film « Une Femme Fantastique » (notamment aux Oscar), mettant en vedette l’actrice transgenre Daniela Vega, le cinéaste a ensuite dévoilé un an plus tard le drame lesbien dans le milieu juif orthodoxe londonien « Désobéissance ». Cette année, et alors qu’il ne cesse de tourner, le voilà déjà de retour avec « Gloria Bell », le portrait d’une femme cinquantenaire divorcée, laquelle semble déterminée à défier l’âge et la solitude. Mais, pour la petite histoire (à savoir pour briller en société), c’est qu’il s’agit ni plus ni moins ici du remake de son propre film « Gloria », sorti en 2013, transposé au goût du jour, et dans le contexte de Los Angeles. Et en plus, il a Julianne Moore au casting...

Déjà à l’époque, le film préfigurait en quelque sorte l’évolution de la position de la femme dans la société. Depuis lors, il y a notamment eu la vague de dénonciations d’agressions sexuelles et de harcèlement (en particulier dans le milieu professionnel) dont on a déjà tous entendu parler, tout comme la libération sexuelle des femmes de tous âges, et leur aspiration à jouir de la vie. Au jour d’aujourd’hui, cette histoire sonne alors d’autant plus pertinente qu’elle ne l’était déjà à l’époque, ou en tout cas plus envisageable et respectée envers la condition de la femme. C’est que les mentalités évoluent, la parole se libère, et les regards s’ouvrent. C’est ainsi qu’on découvre ici le quotidien d’une maman de deux enfants (ayant déjà quitté la maison familiale), prête alors à reprendre sa vie en main, et qui, malgré les coups bas encaissés, retrouvera le chemin de l’émancipation.

Alors que l’intrigue originale prenait place à Santiago, Sebastián Lelio la transpose à la « Cité des anges », tandis que Julianne Moore incarne Gloria, cette femme célibataire approchant la soixantaine. Étincelante, l’actrice nous livre une interprétation remarquée, laquelle laisse place à une palette d’émotions par son jeu d’actrice sans fard, ni paillettes. Elle semble habitée par son personnage, auquel elle apporte alors une lumineuse et inspirante authenticité. Alors que le réalisateur le filme au plus près, et dans ses tâches journalières les plus insignifiantes, il nous permet de côtoyer cette femme dans son intimité. De ses trajets en voiture où elle s’adonne au chant, en passant par ses séances de yoga, ou encore ses sorties dans une boîte de nuit à la recherche de l’âme sœur, la caméra suit cette femme actuelle, et libérée. Ou en tout cas, en voie de l’être, étant donné sa rencontre amoureuse sur la piste de danse avec un homme qui ne lui avouera pas tout, et campé par John Turturro (qui retrouve l’actrice plus de vingt ans après « The Big Lebowski » des frères Coen).
En plus d’offrir un portrait chaleureux, « Gloria Bell » est porté par l’irrésistible photographie de Natasha Braier, laquelle tire vers des lumières aux couleurs néon, allant du violet au rose couché de soleil, tandis que le photographe avait notamment travaillé sur « The Neon Demon » (2016) de Nicolas Winding Refn. Et puis, on apprécie énormément la bande-originale pop et rétro du film, tandis que l’intrigue progresse au rythme des chansons sur lesquelles danse ou chante Gloria. Et ce n’est d’ailleurs pas pour rien si le film se termine sur le tube « Gloria » d’Umberto Tozzi, sur la piste de danse, alors que notre héroïne des temps modernes ne sait trop sur quel pied se lancer, avant finalement de se déhancher, et d’afficher un sourire à la fois réparateur et communicatif.



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