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Ang Lee
Gemini Man
Sortie du film le 09 octobre 2019
Article mis en ligne le 15 octobre 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • projet datant de 1997, initialement développé par Walt Disney Pictures et Jerry Bruckheimer, sauf que, pour des raisons technologiques (les procédés de rajeunissement n’étaient pas encore au point à cette époque), le projet ne s’est pas concrétisé. Jusqu’en 2016, où Skydance Media a acquis le film auprès de Disney, avec Jerry Bruckheimer ;
  • comme pour son précédent film, « Un jour dans la Vie de Billy Lynn »(2016), Ang Lee a tourné numériquement à une fréquence d’images extrêmement élevée de 120 images par seconde (HFR), modifiée pour la 3D.

Résumé : Henry Brogan, un tueur professionnel. Vieillissant, il s’apprête à prendre sa retraite, quand il est soudainement pris pour cible par un mystérieux et jeune agent, lequel peut prédire chacun de ses mouvements, et inversement...

La critique de Julien

Alors qu’on le retrouvera en janvier de l’année prochaine dans le troisième opus longtemps espéré et attendu de la franchise « Bad Boys » (dirigé pour l’occasion par nos compatriotes Adil El Arbi et Bilall Fallah), et tandis qu’il a connu cette année-ci le plus gros succès de sa carrière au box-office avec « Aladdin » de Guy Ritchie, Will Smith a décroché entre-temps le rôle principal dans le dernier film d’Ang Lee, « Gemini Man » ! Et cela sans oublier que l’acteur prêtera sa voix au personnage principal du film d’animation « Spies in Disguise » (de Nick Bruno et Troy Quane), dès le 25 décembre prochain ! Bref, 2019 est l’année Will Smith, ou n’est pas. De plus, dans ce film d’action d’anticipation, l’acteur voit double, puisqu’il se donne la réplique à lui-même, mais dans une version plus jeune... Oui, cela peut paraître fou, mais pas tellement en soi pour le réalisateur du « Secret de Brokeback Mountain » (2007) ou de « L’Odyssée de Pi » (2012), d’ailleurs récompensé de l’Oscar du Meilleur réalisateur pour ces deux derniers films cités.

Alors que le film s’ouvre sur la gare de Liège-Guillemins, « Gemini Man » (l’Homme Gémeaux" en version française) voit Henry Brogan (Smith), un tueur à gages âgé du gouvernement (considéré comme le meilleur de sa génération), envoyé en mission afin d’assassiner un terroriste anonyme à bord d’un train à grande vitesse. Mais alors que cette mission aurait pu tourner au drame pour d’autres passages, Brogan, désabusé de tuer, et ne pouvant plus se regarder dans le miroir au petit matin, se sentira sur le départ. Mais tandis qu’il s’apprête à prendre sa retraite, il se retrouvera pourchassé par un assassin ressemblant étrangement à lui-même, certes en plus jeune, mais avec des compétences similaires...

Will Smith interprète donc ici à la fois sa propre version de lui-même, mais aussi de vingt-huit ans son cadet, intégralement créé en numérique et guidé à 100% par la performance capture de l’acteur. Ainsi, certains plans où les deux hommes se battent, notamment lors d’une course-poursuite en moto dans les rues de Carthagène en Colombie, repoussent les limites du raisonnable, et nous offrent un spectacle assez perturbant, tout comme il a du l’être pour Will Smith, lorsqu’il s’est redécouvert bien plus jeune à l’écran. Et même si ce rajeunissement numérique se remarque encore un peu trop en pleine lumière du jour (surtout lors de la dernière scène du film), ce procédé est toujours aussi incroyable. Mais là n’est pas vraiment le sommet de ce film, étant donné que cette technique n’est aujourd’hui plus nouvelle.

Autant dire que « Gemini Man » se vaut surtout pour l’expérience unique et immersive de la HFR, laquelle nous permet d’augmenter considérablement notre confort de visionnage du film en relief, elle qui rend les mouvements de camera extrêmement fluides (surtout en travelling). Cette technologie permet en effet d’augmenter le nombre d’images par seconde jusqu’à 120, c’est-à-dire bien au-delà du standard des 24 images par seconde (comme cela avait déjà été le cas pour le précédent film du cinéaste « Un jour dans la vie de Billy Lynn »). Le réalisateur taïwanais a alors récupéré ce projet vieux de plus de vingt ans développé à une époque où la technologie ne permettait pas encore les prouesses techniques que nous connaissons actuellement.

Ainsi, la rapidité d’exécution d’images procure ici une nouvelle sensation de cinéma. Et il faut dire ce qui est : on n’avait jamais vu ça auparavant. Ang Lee a, de nouveau, réalisé ici un monstrueux travail de réalisation. Dommage qu’on ne puisse pas en dire autant du côté du scénario, pourtant écrit à plusieurs mains.

En effet, cette histoire d’agent situé dans le collimateur de son gouvernement n’a rien de bien passionnant, malgré une tournure d’événements, dira-t-on, plus humaine, en seconde partie. Car le face-à-face entre Henry Brogan et son clone ne s’arrête pas là. Ainsi, Ang Lee adapte ici un récit qui se veut parsemé de scènes d’action hallucinantes, mais aussi d’un pied-à-terre plus posé, avec de véritables temps morts, où le personnage de Will Smith se décide à distribuer le bien autour de lui et à penser à sa descendance, après avoir massacré des dizaines de personnes durant sa vie pour le travail. On comprend que ça ne doit pas être facile tous les jours d’être (et d’avoir été, depuis peu) un assassin, et de vouloir ainsi racheter sa conscience...

Vous l’aurez compris, on ne croît pas trop en toutes ses bonnes paroles thérapeutiques, la faute à une écriture psychologique trop convenue, trop lisse, et une énième variation du thème du clonage au cinéma, ici vu au travers d’un prisme antagoniste et d’arguments pitoyables, menés par Clayton « Clay » Varris (Clive Owen). Cette intrigue n’est donc clairement pas à la hauteur de l’ambitieux emballage dans lequel elle évolue.



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