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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Lucie Borleteau (2014)
Fidelio. L’odyssée d’Alice.
Sortie au BRFF le 8 juin - sortie nationale le 5/8/15
Article mis en ligne le 6 juin 2015

par Charles De Clercq

Présentation BRFF : Alice, 30 ans, marin. Elle laisse Félix, son homme, sur la terre ferme, et embarque comme mécanicienne sur un vieux cargo, le Fidelio. Ce n’est pas la première fois, mais ce voyage lui réservera bien des surprises. Un océan, un vieux rafiot, le visage d’Ariane Labed, les ombres de Melville et de Conrad, la musique épidermique de Ravel, sont autant d’atouts pour ce film sensuel et sensoriel. Lucie Borleteau réussit un coup de maître avec ce premier long métrage sentimental et sexuel à la croisée des imaginaires et des genres. Vous l’aurez compris, un coup de cœur.

Synopsis : Alice, 30 ans, est marin. Elle laisse Félix, son homme, sur la terre ferme, et embarque comme mécanicienne sur un vieux cargo, le Fidelio. A bord, elle apprend qu’elle est là pour remplacer un homme qui vient de mourir et découvre que Gaël, son premier grand amour, commande le navire.
Dans sa cabine, Alice trouve un carnet ayant appartenu à son prédécesseur. La lecture de ses notes, entre problèmes mécaniques, conquêtes sexuelles et mélancolie amoureuse, résonne curieusement avec sa traversée.
Au gré des escales, au milieu d’un équipage exclusivement masculin, bercée par ses amours qui tanguent, Alice s’expose au bonheur de tout vivre à la fois et tente de maintenir le cap…

Acteurs : Ariane Labed, Melvil Poupaud, Anders Danielsen Lie.

 Rester sur le quai ?

L’affiche et le titre étaient prometteurs, j’avais déjà lu une critique très positive et pourtant, à l’arrivée il y avait un petit je ne sais quoi d’insatisfaction. A la sortie, j’ai lu le dossier presse et notamment une interview de la réalisatrice et cela a suscité plus d’émotion en moi que le film que je venais de visionner. Etait-ce dû au fait qu’il s’agissait de la troisième projection de la journée alors que celle-ci trainait encore les restes de l’orage de la veille au soir ? Des confrères critiques avaient apprécié, d’autres pas. Alors, à défaut de partager un enthousiasme qui n’était pas au rendez-vous, je vais tenter de dégager quelques lignes de force de ce premier long métrage de l’actrice Lucie Borleteau (après trois courts, dont le premier, Nievaliachka, la poupée qui ne tombe pas, date de 2004).

 Une histoire (de) bateau ?

Je cite ce premier court, car il s’agissait d’un documentaire. Or, justement j’avais l’impression d’avoir vu un documentaire sur un gros cargo, le Fidelio en même temps que les aventures d’Alice. En fait, l’odyssée d’Alice (qui n’a de parenté avec celle d’Ulysse, que la consonance ou le jeu de mots), sous-titre du film, est aussi importante que celle du navire. C’est peut-être là que se situe le (mon) problème. Ces deux protagonistes étaient à ce point essentiels qu’il était difficile de faire le focus sur l’un d’entre eux. Trop personnel et centré sur Alice et sa/ses relation(s) amoureuse(s) pour en faire un documentaire sur le Fidelio. Dommage, parce que cela aurait pu nous permettre d’aller à la découverte de ce monstre, de ses entrailles, de la vie, de la mort, du bruit, du danger. Plus encore de voir les regroupements des marins par affinité, par culture, leurs rites, religieux ou pas. Dans ce cadre, un incident comme la découverte d’un serpent venimeux dans le système de filtration du navire aurait pu être exploité. Ici, cela devient presque anecdotique et le serpent disparait de nos yeux aussitôt après l’avoir montré tentant de sortir d’un seau.

 Elle a deux amours

Un navire trop présent, trop envahissant pour nous permettre d’appréhender avec empathie la vie d’Alice, partagée entre la mer et la terre et entre deux amours. C’est qu’elle en laisse un sur la terre, Félix (Anders Danielsen Lie dont l’accent savoureux enrichit son personnage), adulte qui possède encore la candeur de l’adolescence dans ses rêves amoureux, ses mots à la fois tendres et crus. Mais des mots auxquels il croit aussi. Fidélité, sincérité, fusion des esprits et des corps le caractérisent.

Alice (Ariane Labed) commence, elle, son odyssée sur l’océan, comme mécanicienne (on peut regretter que la difficulté d’être la seule femme dans un univers masculin et machiste ne soit pas mieux développée et ici, tout semble aller quasiment de soi). Hélas, le bonheur et le malheur frappent simultanément à la porte de son cœur ! C’est que sur le bateau - où elle remplace un mort - elle va faire la rencontre de Gaël, le capitaine. Mais celui-ci, très bien interprété par Melvil Poupaud, est l’ancien amant d’Alice. Son cœur sera partagé, mais comme « ce qui se passe en mer reste en mer », ce sera pour elle non pas une aventure sans lendemain, mais plutôt le coup d’un soir ou de quelques nuits. Mais si Gaël était à la fois prince charmant/charmeur et le dragueur invétéré, comment le cœur d’Alice devra-t-il battre ?

 Relecture d’un mort !

A cette intrigue, s’en ajoute une autre, l’odyssée de Legall, le marin mort on ne sait trop comment. Pour des questions administratives, le rapport de décès sera falsifié. Et ce mort que l’on rendra à la mer, réapparaitra dans le récit par le biais de sa soeur - qui doute de la version officielle - et de policiers qui enquêtent. Justement, là où l’on pouvait avoir l’impression que l’intrigue pourrait se développer sur cette falsification de preuves pour permettre de rechercher « ce qui s’est vraiment passé » ... rien ne vient dans ce sens. Soit on a trop dit, soit pas assez. Le plus intéressant ici est l’odyssée de Legall qui est narrée par Alice grâce à la découverte du carnet intime de ce marin. Elle vient appuyer et colorer la propre histoire d’Alice, parfois en contrepoint.

 Dernière escale ?

Le film repartira après une escale à terre et dans la famille dAlice à laquelle Félix sera présenté. Mais que deviendra leur amour lorsqu’une photo compromettante est découverte par ce dernier ? Comment va-t-il résister ? Va-t-il tomber à l’eau lorsqu’Alice, promue chef mécanicienne doit reprendre le navire dont c’est le dernier voyage avant la casse ? Comment les retrouvailles avec Gaël vont-elles se passer ? Et qu’arrivera-t-il quand le navire vieillissant voudra reprendre le pouvoir sur les marins et surtout le capitaine ? Et à Gdansk, une escale imprévue, quand l’un surgit alors que l’autre part ? Cela ce sera pour vous à l’écran...

 Remarques :

  • Il faut noter une incohérence dans le scénario. En effet, Alice dit à Félix qu’il ne peut communiquer par courriel avec elle que par la messagerie du capitaine, qu’il faudra donc remplacer un vocabulaire anatomique trop descriptif par des abréviations. Ok, mais Alice a un ordinateur dans sa cabine et ne navigue pas que sur l’eau mais également sur Internet ! Et alors Gmail et autres messageries en ligne, cela existe ! Que des amoureux ne songent pas à cela, cela manque de crédibilité (surtout qu’Alice sait bien utiliser un smartphone - ce qui aura d’ailleurs des conséquences dramatiques).
  • Ce n’est pas au critique à dénigrer un film parce qu’il est resté sur le quai sans pouvoir monter à bord du navire. Je pourrais citer d’autres confrères qui abondent dans mon sens. Je préfère poster ici un lien vers la critique de Gaëlle Bouché sur le site Abus de ciné. Celle-ci est largement positive, occasion de vous aider à découvrir cet autre regard à porter sur l’océan, Fidelio et Alice !
    On pourra lire également la critique/analyse de Nicolas Gilson sur Un grand moment de...

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