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CINECURE
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Christian Carion
En mai, fais ce qu’il te plait
Sortie le 4 novembre 2015
Article mis en ligne le 3 octobre 2015

par Charles De Clercq

Synopsis : Mai 1940. Pour fuir l’invasion allemande, les habitants d’un petit village du nord de la France partent sur les routes, comme des millions de Français. Ils emmènent dans cet exode un enfant allemand, dont le père opposant au régime nazi est emprisonné à Arras pour avoir menti sur sa nationalité. Libéré dans le chaos, celui-ci se lance à la recherche de son fils, accompagné par un soldat écossais cherchant à regagner l’Angleterre...
(ci-contre : durant le tournage du film à Arras)

Acteurs : August Diehl, Olivier Gourmet, Mathilde Seigner, Alice Isaaz, Matthew Rhys, Laurent Gerra, Jacques Bonnaffé.

 Avant mai !

Dès ses premiers films, le réalisateur a fait ce qui lui plaisait ! Christian Carion est fils d’agriculteur et il puise dans ces racines pour nous proposer des films qui veulent rendre compte du réel. Les pieds bien ancrés dans le sol il nous propose de vivre un exode au début de la Seconde Guerre mondiale. Il s’était déjà inspiré d’une histoire vraie en 2001 pour Une hirondelle a fait le printemps [1] et il récidive en 2005 avec Joyeux Noël, en se faisant l’écho d’un « fait de guerre » ou plutôt d’un « fait de paix ». Il relatait une trêve de Noël entre combattants allemands, écossais et français durant la Guerre 14-18. Enfin, en 2009, il adapte au cinéma [2] l’Affaire Farewell avec un film homonyme qui relate une partie de la vie de l’espion soviétique Vladimir Vetrov qui fut agent double au bénéfice de la DST.

 Un travail de mémoire

C’est toujours dans sa mémoire que le réalisateur va puiser pour trouver son envie de faire un long métragesur l’exode consécutif à l’invasion allemande de 1940. Après un appel à témoigner, lancé en 2012, l’équipe a été submergée « de témoignages : beaucoup de lettres, mais aussi des journaux de bord, des enregistrements faits auprès de papis et de mamies dans les maisons de retraite… Nous avons reçu des choses inimaginables, comme ce témoignage où les enfants tombent sur un soldat allemand qui agonise et leur demande de l’aider à mourir plus vite. Ce que j’ai eu envie de reconstituer dans le film ». Ce dernier sera aussi un hommage à sa maman, âgée de 90 ans. En effet, ce sont ces souvenirs à elles qui sont partie prenante du film : « Ma mère m’a dit que c’était un des plus beaux mois de sa vie. Le plus chaud du 20e siècle aussi ! Ils dormaient à la belle étoile. Elle était éclaireuse sur son vélo, comme l’institutrice dans le film. Comme elle, ma mère n’a pas toujours raconté ce qu’elle voyait. C’était un monde renversé. Mais pour quelqu’un qui avait 14 ans à l’époque, cela avait quelque chose de formidable. J’ai essayé de toujours garder en mémoire cette énergie, cette envie de vivre, qui nous ont guidés à l’écriture du film ».

 Un tournage local, mais pas que !

En mai, fais ce qu’il te plait a été tourné en France même si cela augmentait les coûts. Les figurants sont des hommes et des femmes du lieu qui se sont longtemps préparés (notamment pour la coiffure et les vêtements). La préparation de la scène d’attaque des avions Stukas a duré une semaine et la préparation fut très très longue. Le réalisateur dira : « Tout est décomposé, tout est long : recharger les impacts au sol, gérer le stress des chevaux… Cette semaine m’a épuisé. Même si je suis plutôt content du résultat… ». Christian Carion a été aussi attentif à l’emploi des langues. Ce sont des acteurs allemands, anglais ou français qui parlent leur langue natale et, pour certains qui en parle une deuxième [3], voire une troisième [4]. Cela a le mérite de la crédibilité par rapport à des films dont tous les acteurs parlent la même langue [5] ou un mixte de grand n’importe quoi (Suite française de Saul Dibb ou Madame Bovary de Sophie Barthe [6] pour prendre deux exemples récents).

 Un casting de talents !

Outre August Diehl, excellent dans le rôle de Hans, le fugitif allemand qui se retrouve sur les routes de France avec son fils Max (Joshio Marlon), nous retrouvons Olivier Gourmet dans le rôle principal de Paul, le maire du village. A leurs côtés : Mathilde Seigner (Mado) et Alice Isaaz (Suzanne, qui veillera sur le destin du jeune Max), mais également le Britannique Matthew Rhys dans le rôle du soldat écossais Percy. Enfin, dans un rôle à contre-emploi, le Belge Laurent Gerra donne corps à un amateur de bons vins qui ne veut quitter ni sa cave ni sa maison.

 Une mémoire actualisée !

La sortie de ce film qui relate un exode massif d’hommes, de femmes et d’enfants coïncide avec d’autres exodes tout aussi tragiques aujourd’hui où les réfugiés fuient leurs pays en guerre. C’est totalement fortuit, mais l’évocation de ces fuites massives en 1940 en laissant tout : à l’abandon [7] vient buter sur d’autres images, tout aussi insupportables que nous voyons aujourd’hui. Difficile en tout cas de ne pas y penser, de ne pas comparer, d’être insensible. En cela, ce film, même s’il n’est pas parfait, doit être vu par le plus grand nombre. C’est que le risque est énorme de rester, il l’est tout autant de partir. Ce sont des histoires que mes parents ont vécues durant la guerre. C’est la mort d’enfant, d’hommes et de femmes sous les bombes. C’est aussi celles, nombreuses, que l’on oublie, de ces animaux, notamment de ferme, déchiquetés par les bombes, dans les prairies ou les étables et qui ne « comprenaient » pas ce qui leur tombait dessus et que l’on ne pouvait « achever ».

 A voir absolument !

C’est donc un film a voir en famille, avec des amis aussi et dont il sera bon de parler abondamment ensemble, après sa vision.Il y a certes des défauts, notamment certaines situations trop belles pour être vraies, certaines retrouvailles de protagonistes. Mais peu importe, l’essentiel est de se souvenir, de ne jamais oublier. Ce film où l’horreur et le tragique côtoient (parfois) l’humour nous empêchera d’oublier ! Il faut ajouter, pour conclure, que la musique est signée par le grand Ennio Morricone.

En mai, fais ce qu’il te plaît : Trailer HD

Mai 1940. Pour fuir l’invasion allemande, les habitants d’un petit village du nord de la France partent sur les routes, comme des millions de Français. Ils emmènent avec eux dans cet exode un...
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