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CINECURE
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Pierre Salvadori
En liberté
Sortie le 31 octobre 2018
Article mis en ligne le 23 septembre 2018

par Charles De Clercq

Synopsis : Yvonne, jeune inspectrice de police, découvre que son mari, le capitaine Santi, héros local tombé au combat, n’était pas le flic courageux et intègre qu’elle croyait mais un véritable ripou. Déterminée à réparer les torts commis par ce dernier, elle va croiser le chemin d’Antoine injustement incarcéré par Santi pendant huit longues années. Une rencontre inattendue et folle qui va dynamiter leurs vies à tous les deux.

Acteurs : Adèle Haenel, Pio Marmaï, Audrey Tautou, Vincent Elbaz, Damien Bonnard

Pierre Salvadori nous offre un film étonnant, détonnant, traitant de choses sérieuses sur mode léger, presque humoristique ou, plus exactement « burlesque ». Le burlesque, il est dans les situations où se (re)trouvent Yvonne (Adèle Haenel) et Antoine (Pio Marmaï). Leurs histoires tiennent dans le synopsis ci-dessus. Ce n’est pas tant l’intrigue en elle-même qui serait complexe. Il y a bien des événements qui apportent non du comique de situation mais du burlesque. Il s’agit d’un homme condamné à huit ans de prison alors qu’il est innocent mais qui veut rentabiliser ce temps perdu, le rattraper et, en quelque sorte, le « mériter ». Avoir la juste contrepartie d’une injuste condamnation. Face à lui, elle (en réalité, elles, nous y reviendrons), Yvonne qui culpabilise quand elle qui est policière - dans un bureau - apprend que son mari (mort en service) n’était pas celui qu’elle croyait et dont elle racontait l’histoire à leur fils Oscar ! Mais tant Yvonne qu’Antoine (se) mentent et (se) racontent des histoires (comme celles, réitérées, racontées à Oscar). ces deux-là sont un peu des doubles (astraux ?) et vont reproduire des scènes analogues (ainsi au bord de l’eau).

ElleS parce qu’il y a une autre femme, Agnès (Audrey Tautou qui n’est pas sans faire songer, par certains aspects... à Amélie Poulain !) qui aime toujours Antoine, mais ne sait pas comment l’aimer, le recevoir, si ce n’est en passant par un (ré)apprentissage ! Comme un apprivoisement dirait Le petit prince ! Il y a aussi un tiers dans l’histoire, Louis, policier, amoureux d’Yvonne et interprété par l’excellent Damien Bonnard (Dunkirk, mais surtout Rester Vertical !). Il ne sait comment lui parler, gérer sa jalousie, sinon en l’entrainant de nuit dans un plan foireux.

Il y aura des scènes non pas cocasses, ni comiques, le vocabulaire ne convient vraiment pas, mais burlesques (elles pourraient renvoyer à l’âge d’or du cinéma muet !) dans une bijouterie lorsqu’un cambriolage se déroule sous la surveillance des vigiles, émus, en pleurs et mangeant du popcorn comme au cinéma, lorsque les protagonistes vêtus de tenues improbables se disent leur amour (impossible ?). Ici, la vraisemblance est plus que seconde, elle est totalement secondaire, en réalité. Et qu’est-ce d’ailleurs que la réalité dans ce film dont nous précisions ci-devant qu’il traitait de choses sérieuses. Quelles sont-elles ?

En réalité, ce qui transparait en toile de fond (comme celle d’un cinéma !) c’est la construction d’un père. Ou la déconstruction ! Yvonne raconte, soir après soir à Oscar l’histoire d’un père, idéal et idéale ! Elle construit, elle crée, pour leur fils, le récit d’un héros, du père/mari qu’elle croyait. Mais lorsque l’image du père se délite, se détruit, il faut, pour l’épouse-mère, accomplir un travail de déconstruction/reconstruction ! Mais il faut le faire peu à peu, pied à pied. Détruire l’image idéale et idéalisée pour en proposer une autre, plus réelle, à un fils qui résiste. Telle est pour nous l’essence même de ce film. Celui-ci repose d’ailleurs sur la réitération : les récits à Oscar, les retrouvailles d’Antoine et Agnès, ensuite d’Yvonne et Louis.

Si les acteurs sont exploités au mieux, sur la corde, qu’il s’agisse de premiers ou seconds rôles, nous relevons tout particulièrement le jeu de Pio Marmaï qui se situe aux frontières du réel, de la raison, de la folie et de l’amour. Il est probable que tous ne pourront apprécier le film à sa juste valeur. Il faut probablement laisser place à une certaine poésie pour se laisser prendre par l’émotion et l’inattendu que le film suscitera !



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