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CINECURE
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Oliver Hirschbiegel
Elser, un héros ordinaire
Sortie le 20 janvier 2016
Article mis en ligne le 28 décembre 2015

par Charles De Clercq

Synopsis : Allemagne, 8 Novembre 1939. Hitler prononce une allocution dans une brasserie de Munich. Une bombe explose, mais le Führer a quitté les lieux quelques minutes plus tôt. L’attentat est un échec. Rattrapé à la frontière suisse alors qu’il tentait de s’enfuir, Georg Elser est arrêté et interrogé. Pour les nazis, il s’agit d’un complot. Et pourtant, c’est bien seul que cet homme libre a fabriqué une bombe. Rien ne prédestinait Georg Elser, modeste menuisier, à commettre cet acte insensé ; mais son indignation face à la brutalité croissante du régime aura réveillé en lui un héros... ordinaire...

Acteurs : Christian Friedel, Katharina Schüttler, Burghart Klaussner, Johann von Bülow, David Zimmerschied, Rüdiger Klink, Michael Kranz.

Il y avait neuf ans qu’Oliver Hirschbiegel ne s’était plus attelé à un film allemand. Il met ici en scène l’histoire vraie d’Elser, un petit artisan, qui voulu attenter aux jours d’Hitler en 1939... et échoua, pour le malheur du monde. Nous sommes dans un épisode qui se situe bien avant La chute et probablement moins connu chez nous qu’en Allemagne.

Le film débute par les préparatifs de l’attentat du 8 novembre 1939 dans la brasserie Bürgerbräukeller à Munich. Il se poursuivra ensuite selon deux axes narratifs. Le premier, la capture, l’emprisonnement et les séances de torture d’Elser. Le deuxième se fera sous forme de flash-back. Nous remontons dans la vie de notre antihéros au début des années trente. Comment cet homme, modeste menuisier qui a des sympathies pour les communistes sans adhérer au parti, a-t-il pu en arriver là ?

Alors que l’on soumet Georg Elser (Christian Frieden) à la question, nous découvrons ses deux « interlocuteurs » principaux : Arthur Nebe (Burghart Klaussner) et Heinrich Müller (Johann von Bülow). Ils ne peuvent croire que cet attentat est le fait d’un homme seul. Ils témoignent ainsi des doutes, tant d’Hitler et de ceux qui gravitent autour de lui, que du peuple. Le réalisateur ne fera pas dans le gore. S’il nous montre certaines tortures, la plupart d’entre elles seront hors champ. Il nous fera entendre les cris, derrière une porte... alors même qu’il nous montre la « secrétaire » chargée de transcrire les interrogatoires, qui quitte la salle pour rejoindre le couloir. Ce seront aussi les échanges entre Nebe et Müller sur les motivations d’Elser mais également la recherche de ses complices et/ou commanditaires.

A l’opposé, les retours dans le passé d’Elser nous montrent une vie idyllique, sa passion pour la musique, pour les femmes, et en particulier pour l’une d’entre elles, Elsa (Katharina Schüttler) mariée à un époux violent et buveur. Dans ce qui semble encore un éden, on voit apparaître les premières croix gammées, les milices, les très jeunes militants, l’humiliation des femmes qui ont eu des relations avec des juifs, la chasse aux communistes, les premiers camps de travail. C’est une horreur au quotidien qui apparait peu à peu et qui va troubler Elser, si peu politisé, mais qui a une conscience qu’il ne peut faire taire.

Cette évolution dramatique de l’Allemagne et de ses citoyens peut être mise en parallèle avec un autre film qui sort en Belgique une semaine avant : Er ist wieder da (Il et de retour). Cette comédie satirique et grinçante est une dystopie qui nous montre le retour d’Hitler en 2015 et la large adhésion des citoyens aux thèses qu’il défend en télévision. Si les registres sont totalement différents, l’un et l’autre film nous invitent, voire nous obligent à jeter un regard lucide sur nos sociétés et nos comportements.

Elser se termine en 1945, par l’exécution programmée de Georg qui doit paraître comme un « accident ». Auparavant, nous aurons assisté à une scène difficilement soutenable de pendaison d’un des protagonistes de l’histoire. Quelques semaines plus tard, ce sera la Libération.

Tout cela a tenu à treize minutes. Hitler avec quitté la salle trop tôt par rapport au minutage prévu. Treize minutes qui auraient pu changer l’Histoire. Si les acteurs sont remarquables dans leur interprétation au service d’un récit sobre et parfois (trop) didactique, on retiendra tout particulièrement celle, totalement magistrale, d’Elser par Christian Friedel, que les cinéphiles auront découvert en 2009 dans son premier rôle au cinéma, celui du professeur dans Das weiße Band - Eine deutsche Kindergeschichte (Le ruban blanc) de Michael Haneke et tout récemment dans Amour fou de Jessica Hausner où il tient le rôle-titre, celui d’Heinrich von Kleist.

Pour prolonger la réflexion en famille et à l’école...
Ce film est à conseiller à tous en ces temps où le racisme devient « ordinaire ».
Pour s’y préparer et en particulier en familles et en milieu scolaire, voici deux documents au format pdf.

https://www.youtube.com/embed/eQG1iieFnrs
ELSER , UN HÉROS ORDINAIRE - YouTube


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