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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Adrian Lyne
Eaux Profondes (Deep Water)
Sortie du film le 18 mars 2022 sur Amazon Prime Video
Article mis en ligne le 21 mars 2022

par Julien Brnl

Genre : Thriller érotique

Durée : 115’

Acteurs : Ben Affleck, Ana de Armas, Tracy Letts, Lil Rel Howery, Dash Mihok, Finn Wittrock, Kristen Connolly, Jacob Elordi...

Synopsis :
Vic et Melinda Van Allen est un couple aisé de la Nouvelle-Orléans dont le mariage s’écroule sous le poids de la rancœur, de la jalousie et du doute. Alors que leurs provocations et manipulations mutuelles s’intensifient, les choses se transforment rapidement en un jeu du chat et de la souris mortel lorsque les amants de Melinda commencent à disparaître.

La critique de Julien

Annoncé au départ pour une sortie au cinéma en novembre 2020, avant d’être reporté en août 2021, puis en janvier 2022, puis d’avoir vu sa date de sortie retirée du calendrier de sortie, « Deep Water » a débarqué exclusivement ce 18 mars sur Amazon Prime Video hors États-Unis, où il est sorti sur Hulu. Basé sur le roman du même nom de Patricia Highsmith paru en 1958, « Eaux Profondes » (pour son titre francophone) est le nouveau film en date du cinéaste britannique Adrian Lyne, qu’on n’avait plus vu à la réalisation d’un film depuis « Infidèle » (2002), remake de « La Femme Infidèle » (1969) de Claude Chabrol, sorti donc y a vingt ans ! Habitué au thriller érotique et sulfureux, lui à qui l’on doit notamment les films « 9 semaines 1/2 » (1986), « Liaison Fatale » (1987), ou encore « Proposition Indécente » (1993), le désormais grand-père âgé de 81 ans remet aujourd’hui le couvert, en filmant un mariage qui bat de l’aile, mais survivant grâce à des méthodes, disons, peu fidèles.

Déjà adapté au cinéma avec le thriller français « Eaux profondes » (1981) réalisé par Michel Deville, et emmené par Isabelle Huppert et Jean-Louis Trintignant, « Deep Water » met ainsi en scène Ben Affleck et Anas de Armas dans la peau d’un couple de parents aisés, eux qui vivent, semble-t-il, pas très heureux, en Louisiane. En effet, leur amour manque de passion, bien que les époux disent curieusement s’aimer. Pour le maintenir à flot, Vic Van Allen autorisera alors sa femme, Melinda, à prendre n’importe quel nombre d’amants qu’elle le souhaite, tant qu’elle n’abandonne donc pas sa famille. Un arrangement précaire qui, en plus de rendre jaloux Vic, le poussera à commettre l’irréparable, quand il n’est pas occupé avec son aquarium à escargots...

Rien (ou presque) ne fonctionne dans ce thriller deux de tension, lequel semble tout droit sorti du pire des années nonante. Adrian Lyne ne parvient pas, d’une part, à donner de la crédibilité à ce couple et à leur manière de fonctionner. En effet, le spectateur tombe comme un cheveu dans la soupe dans cet étrange consentement d’adultère, qui manque de mots, de contextualisation, de... profondeur. Le spectateur se retrouve alors dans une position d’approbation malaisante, qui ne fonctionne pas ici au cinéma, d’autant plus que les personnages principaux manquent de caractérisation. On s’ennuie dès lors devant si peu d’enjeux, de palpitations, et finalement de sensualité. Force est de constater aussi que le cinéaste ne parvient pas non plus à injecter à son film ce qui faisait l’âme du roman de Patricia Highsmith, à savoir un intense suspense psychologique et conjugal.

Adapté de manière mollassonne d’un scénario adapté et réécrit par Zach Helm et Sam Levinson (le créateur de la série HBO « Euphoria »), le film d’Adrian Lyne touche rapidement le fond de l’eau, tandis que Ben Affleck, amorphe, semble lui s’y être perdu, et Anas de Armas, elle, agit comme une femme à l’animosité sexuelle décérébrée. On peine alors à s’intéresser à leurs feux de l’amour faussement pimentés, longs, et risibles. Et ce ne sont pas les rares disparitions grotesques de quelques amants sans personnalité qui relèveront ici la sauce, elle qui ne prend définitivement pas. Reste alors un final qui questionne sur la part sombre, transgressive et immorale du couple, et de ce que ses membres sont capables de sacrifier pour l’autre, ou plutôt pour un perpétuel recommencement qui les arrangent bien... Aussi, sauvons la photographie, dont la manière qu’a le réalisateur de filmer l’eau sous n’importe laquelle de ses formes. Mais cela est bien trop peu pour le retour fatigué au cinéma d’Adrian Lyne. Finalement, cette sortie sur plateforme de streaming est peut-être une bonne chose...



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