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Ethan Coen
Drive-Away Dolls
Sortie du film le 03 avril 2024
Article mis en ligne le 7 avril 2024

par Julien Brnl

Genre : Comédie

Durée : 84’

Acteurs : Margaret Qualley, Geraldine Viswanathan, Joey Slotnick, Colman Domingo, Beanie Feldstein, Bill Camp, Pedro Pascal, Matt Damon, Miley Cyrus...

Synopsis :
Jamie et son amie Marian sont à la recherche d’un nouveau départ, elles se lancent dans un road trip mais les choses tournent mal lorsqu’elles croisent en chemin un groupe de criminels bras cassés.

La critique de Julien

« Drive-Aways Dolls », c’est la première réalisation en solo [1] d’Ethan Coen, sans son frère Joel, lequel s’était également lancé seul avec le drame « The Tragedy of Macbeth » (2022). Pourtant, l’idée de cette comédie décomplexée n’est pas nouvelle ! En effet, c’est dans les années 2000 qu’Ethan Coen et son épouse monteuse Tricia Cooke avaient eu l’idée de leur intrigue ! Cette dernière officie d’ailleurs ici en tant que productrice et coscénariste de ce film, tandis qu’elle a participé à toute son élaboration, dans le sens où elle s’est assurée que la représentation qu’il y fait du monde queer et lesbien des années 1990 correspond à celle qu’elle a connue, en y incluant notamment des références à des icônes LGBTQI+, elle qui s’identifie d’ailleurs comme lesbienne. Car bien que mariés et parents de deux enfants, les époux décrivent ouvertement leur mariage comme « non conventionnel », eux qui ont des partenaires séparés en dehors de leur mariage. On ne doit pas s’ennuyer chez les Coen-Cooke, en témoigne également ce film délirant !

Initialement intitulé « Drive-Away Dykes » (!), ce road movie loufoque nous emmène alors sur les routes de Floride, où Jamie (Marguerite Qualley) et Marian (Géraldine Viswanathan), deux amies lesbiennes aux tempéraments opposés, se dirigent, afin de rendre visite à la tante de la seconde, vivant à Tallahassee. Tandis que Jamie espère bien faire la tournée des bars lesbiens en cours de route, Marian, elle, préférera lire « Les Européennes » (1878) d’Henry James. Sauf que les demoiselles loueront une voiture de location destinée, au départ, à une transaction illégale. Or, c’est seulement lors d’une crevaison qu’elles découvriront ce qui se cache dans le coffre de la voiture, à la place donc de la roue de secours, tandis qu’elles se retrouveront poursuivies par les véritables destinataires de la voiture, et donc du colis (très) spécial, qui pourrait bien mettre à mal la réputation d’un sénateur conservateur s’il venait à être découvert...

Quelle folie que ce « Drive-Aways Dolls » ! Car Ethan Coen et Tricia Cooke n’y vont pas de main morte pour illustrer ici la libération sexuelle de la femme (lesbienne), où l’image masculine n’est réduite qu’à des seconds-rôles de méchants ou de politiciens peu avantageux, et volontairement stupides, et bien plus encore à l’image de leurs organes sexuels, mais sous forme de jouets (si vous voyez ce qu’on veut dire), profitant alors à la gent féminine pour se donner ici du plaisir. Trip halluciné aussi nostalgique que grossièrement coquin, « Drive-Away Dolls » emprunte alors en soi à tout ce qui a déjà été vu dans le genre (dont chez les frères Coen), stéréotypes à la clef, tout en lui permettant cependant une transition sexuellement progressiste. Car des buddy movies et des films de gangsters, ça n’a rien de nouveau. Pourtant, ça l’est nettement plus quand c’est emmené par des premiers rôles lesbiens, et de surcroît totalement dévergondés (ou en passe de l’être) ! Jouant dès lors à fond cette carte, le film s’illustre également par son montage psychédélique et erratique reprenant alors les codes des films de sexploitation des années 1970, tandis que des seconds rôles n’ayant pas peur du ridicule viennent compléter une distribution d’acteurs déchaînés, et en roue libre. Finalement bien plus occupé à sauver ses fesses et ouvrir l’entrejambe plutôt qu’à renverser le patriarcat en place, le duo formé par Margaret Qualley et Geraldine Viswanathan s’y donnent à cœur joie, sans avoir froid aux yeux, et encore moins aux parties intimes. Bref, l’Amérique puritaine détestera (le film est d’ailleurs un sacré échec au pays de l’Oncle Sam), tandis que nous prendrons ça comme un fantasme de cinéaste.s qui avai.en.t envie de s’amuser...



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