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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

James Bobin
Dora et la Cité Perdue / Dora and the Lost City of Gold
Sortie du film le 14 août 2019
Article mis en ligne le 24 août 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • adaptation de la série télévisée d’animation Nickelodeon « Dora l’Exploratrice » créée en 2000 par Chris Gifford, Valerie Walsh Valdes et Eric Weiner ;
  • incroyable mais vrai : le singe Babouche, fidèle compagnon de Dora l’exploratrice, est campé vocalement par Danny Trejo, alors que Chipeur le renard est doublé par Benicio del Toro ;
  • la société de production de Michael Bay, Platinum Dunes, était initialement annoncée à la production du film, sauf qu’en août 2018, Michael Bay précisa lui-même qu’il n’en était rien.

Résumé : Après des années à explorer la jungle avec ses parents, Dora se prépare à vivre l’épreuve la plus difficile de sa vie : l’entrée au lycée ! Son âme d’exploratrice resurgit quand elle doit voler à la rescousse de ses parents en danger.
Accompagnée de son fidèle singe Babouche, de son cousin Diego et de nouveaux amis hauts en couleur, Dora embarque dans une folle aventure qui l’amènera à percer le mystère de la Cité d’or perdue.

La critique de Julien

Allons-y let’s go, c’est parti les amis... Pas besoin de chiper une carte afin de trouver une salle de cinéma pour y découvrir l’adaptation cinématographique de la série animée « Dora l’Exploratrice ». À moins de vivre au fond des bois dans une grotte, vous connaissez sans doute cette petite fille de sept ans, ainsi que ses amis, lesquels vous ont peut-être entraîné vous, et aujourd’hui vos enfants, dans leurs aventures, depuis le début de leur diffusion en août 2001. Mais la particularité de cette série, qui en fait d’ailleurs son intérêt, c’est de faire participer le spectateur à la résolution d’énigmes qui jalonnent le chemin de Dora et compagnie, tout en stimulant ses bases en langue anglaise (dans sa version française), ou en espagnol (dans sa version originale - l’héroïne est d’origine hispano-américaine). Réalisé par James Bobin, à qui l’on doit « Les Muppets, le Retour » (2011) et sa suite « Muppets Most Wanted » (2014), ainsi que l’échec « Alice de l’autre Côté du Miroir » (2016), qui n’était autre que la suite du film de Tim Burton, adapté de l’œuvre de Lewis Carroll, « Dora et la Cité Perdue » est à la fois très fidèle à son modèle, tout en étant un film très désuet, et assez pauvre d’un point de vue cinématographique.

L’esprit de la série est donc ici conservé, tandis qu’une multitude de clins d’œil nous la rappelle, tels que les interventions de Dora envers le public nous demandant (tout sourire) de répéter certains mots, les chansons et expressions de Dora, sa tenue et sa coupe, et surtout la présence du singe Babouche et de Chiper le renard au casting (animé) de cette aventure, à la recherche de la Cité d’or Perdue, appelée le temple Inca de Parapata. Avec ses airs du carton mondial « Jumanji ; Bienvenue dans la Jungle » (2017) de Jade Kasdan (la suite sortira le décembre prochain avec la même équipe), « Dora et la Cité Perdue » amusera certainement les plus petits par la personnalité de son héroïne. Et dans son optique de fidélité à la série, le film nous offre une scène amusante totalement animée, où les personnages humains se retrouvent alors dans leur avatar animé, tandis que l’on y croisera même le sac à dos et la carte, tous deux anthropomorphiques. Il fallait le faire, et cela fonctionne, même si c’est peu. On apprécie également l’interprétation fraîche et naïve de son interprète principale, Isabela Moner, d’origine américaine et péruvienne, et déjà vue dans « Transformers 5 : Last Knight » (2017) ainsi dans la comédie « Apprentis parents » (2019), elle qui incarne une Dora adolescente toujours positive et la main sur le cœur, quittant alors ses parents et la jungle pour rentrer au lycée à Los Angeles, avec son cousin Diego, le mettant malgré lui dans l’embarras devant les autres lycéens, face à son côté loufoque et différent, soulevant ainsi les moqueries. Mais alors que ses parents, partis à la recherche de la ville perdue au Pérou, ne répondent plus à ses appels, Dora, Diego et deux autres jeunes de la classe (Sammy et Randy) seront pris au piège par des mercenaires, et envoyés tout droit au Pérou...

Au-delà de ça, « Dora et la Cité Perdue » met en place une intrigue usée par les deux bouts, où Dora et ses (presque qu’)amis seront amenés à réaliser malgré eux (on vous laisse imaginer les profils, leurs cris intempestifs et malaises en tous genres) un jeu de piste dans la jungle, et résoudre des énigmes pour les nuls, tandis qu’ils seront aidés par un certain Alejandro, un ami hystérique des parents de Dora, plutôt hostile à l’idée de se promener en forêt alors qu’il est explorateur et professeur de l’Université nationale de San Marcos au Pérou... Mais cette aventure repose également sur un récit incohérent, qui brasse du vide pour tenter de justifier le retour de Dora au Pérou. Sans parler de l’antagoniste principal, assez grotesque et caricatural, dont l’attitude change du tout au tout. Mais on n’en oublie pas pour autant les autres méchants de l’histoire, qui disparaissent quant à eux sans laisser de traces... Pire encore, nous avons droit au couple formé par Michael Peña et Eva Longoria, poussifs et énervants à souhait dans le rôle des parents de Dora, eux qui se forcent à faire couler les larmes. Bref, on a déjà vu largement plus léger et original que tout ce festival qui ne fait qu’alourdir les escapades de l’héroïne...

Tourné en Australie (de l’état du Queensland au sud de Brisbane, ainsi qu’aux Village Roadshow pendant quatre mois de tournage) alors que les événements sont censés se dérouler en Amérique du Sud, les décors naturels en prises de vues réelles donnent tout de même à voir ce qui ressemblerait bien à l’Amazonie. Par contre, le film souffre d’effets numériques peu crédibles, la faute à un budget de production peu élevé pour un film de ce genre. Dès lors, le mélange des deux ne convainc qu’à moitié, à l’image du tempe de Parapata, dont on gardera un mauvais souvenir.
Malgré l’ensemble de ses qualités et défauts, on est aussi à même de se demander à qui est destinée cette adaptation, elle qui dépeint une version adolescente de Dora. En effet, les enfants ne retrouveront plus l’aspect enfantin et interactif de la série, étant donné que leur participation n’est pas (aussi) sollicitée. De plus, dans l’optique de transposition « réaliste », certains personnages inhumains et amusants de la série disparaissent dans le film, ce qui fait perdre une identité aux péripéties de Dora. Quant aux adultes, ils resteront de marbre face à l’aspect très premier degré de ce film, assez ennuyeux en ce qui les concerne...

They did it... Mais c’est (pas) gagné ! Malgré la personnalité sympathique et décalée de Dora par Isabela Moner, et les quelques efforts réalisés par l’équipe artistique pour retranscrire, dans la mesure du possible, des éléments de la série télévisée, « Dora et la Cité Perdue » n’a pas les épaules assez larges pour justifier cette adaptation, qui perd totalement de son caractère éducatif au profit d’une aventure inoffensive, et quelque part inintéressante. Oh miiiiince !



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