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John Francis Daley et Jonathan Goldstein
Donjons & Dragons : l’Honneur des Voleurs (Dungeons & Dragons : Honor Among Thieves)
Sortie du film le 29 mars 2023
Article mis en ligne le 3 avril 2023

par Julien Brnl

Genre : Aventure, fantastique

Durée : 134’

Acteurs : Chris Pine, Michelle Rodriguez, Regé-Jean Page, Justice Smith, Sophia Lillis, Hugh Grant, Chloe Coleman, Jason Wong...

Synopsis :
Un voleur beau gosse et une bande d’aventuriers improbables entreprennent un casse épique pour récupérer une relique perdue. Les choses tournent mal lorsqu’ils s’attirent les foudres des mauvaises personnes.

La critique de Julien

C’est en 2000 qu’est sorti au cinéma « Donjons et Dragons » (souvent abrégé DnD), soit la première adaptation du tout premier jeu de rôle sur table de genre médiéval-fantastique, créé dans les années 1970 par les Américains Gary Gygax et Dave Arneson. Réalisé par le Canadien Courtney Solomon, le film mettant en vedette Jeremy Irons, a malheureusement eu le déshonneur, en 2010, d’être classé parmi les 50 plus mauvais films de tous les temps selon le magazine Empire, tout en ayant connu deux piètres suites, mises en scène par Gerry Lively. Alors que Solomon est toujours à la production de ce reboot, ce dernier a cette fois-ci laissé sa place à la réalisation au duo Jonathan Goldstein et John Francis Daley, à qui l’on doit les comédies « Vive les Vacances » (2015) et « Game Night » (2018), lesquels en ont également co-écrit le scénario. Or, après une lutte juridique de deux années (2013-2015) entre Paramount Pictures, Hasbro et Universal Pictures pour acquérir les droits du film sur ledit jeu, c’est finalement le premier qui les a obtenus, relançant au cinéma cet univers fantastique aux possibilités infinies, le tout autour de guerriers et de magiciens. Porté par Chris Pine, Michelle Rodriguez, Regé-Jean Page, Justice Smith ou encore Hugh Grant, c’est avec appréhension qu’on partait découvrir en salles ce blockbuster plutôt original, lequel n’est aucunement une suite, même s’il est basé sur un matériel existant. Et la surprise n’en est que plus grande, puisque « Donjons & Dragons : l’Honneur des Voleurs » est une aventure familiale et fantastique qui ne cesse de voyager dans un monde peuplé de créatures en tous genres, où de valeureux voleurs vont affronter les dangers et sauver des vies au péril des leurs...

On y suit alors le barde Edgins Darvis (Chris Pine) et ancien membre des Harpers (un ordre de soldats de la paix), lequel a perdu son épouse, tuée par un sorcier rouge, s’occupant dès lors seul de leur fille Kira (Chloe Coleman), jusqu’à sa rencontre avec la barbare Holga Kilgore (Michelle Rodriguez), exilée de la tribu Uthgardt Elk, laquelle est devenue sa mère de substitution. Tout en agissant pour le bien commun, ces derniers ont autrefois volé, afin de s’offrir une vie meilleure, et cela avec l’aide de Simon Aumard (Justice Smith), un sorcier amateur, et du voyou et escroc égocentrique Forge Fitzwilliam (Hugh Grant). Pourtant cela fait maintenant deux années que Edgins et Holga sont emprisonnés, étant donné que l’un de leur casse a tourné au vinaigre, eux qui ont tenté de s’emparer d’une relique perdue capable de ressusciter un seul et unique mort, et cela dans un bastion des Harper, alors que leurs complices, eux, ont réussi à s’échapper, dont une certaine Sofina (Daisy Head), une récente et mystérieuse connaissance de Forge, portée sans qu’il le sache sur la nécromancie rouge. Alors que Forge leur a promis de s’occuper de Kira en leur absence, Edgins et Holga vont enfin parvenir à s’échapper de leur donjon, et tenter de les retrouver, sans se douter une seule seconde de ce qui les attend. Ils seront pour cela accompagnés en chemin par Simon - qui semble ne pas avoir progressé en magie - et par Doric (Sophia Lillis), qui n’est autre qu’une druide Tieffelin métamorphe, membre de l’Enclave d’Émeraude, ayant alors organisé une résistance contre le Seigneur de Padhiver (Neverwinter en VO), qui cible, de manière incompréhensible, depuis deux années, la forêt pour ses ressources...

Baigné dans une action continue et inscrivant son périple dans des décors naturels islandais et d’Irlande du Nord, « Donjons & Dragons : l’Honneur des Voleurs » a de quoi réconcilier le grand public avec la fantasy, laquelle avait pris l’habitude de mordre la poussière au box-office. Car en plus de proposer une aventure aux péripéties multiples, le film de Jonathan Goldstein et John Francis Daley ne manque pas de comédie et de second degré, tout en n’étant jamais vulgaire, eux qui sont des habitués du genre. Certaines scènes, cocasses, sortent d’ailleurs du lot, comme celle où la fine équipe réveille à l’aide d’un talisman des soldats morts au combat en tentant de protéger une relique magique, et cela justement afin d’en retrouver la trace, en leur posant pour cela cinq questions (pas une de plus !). Cette équipe, c’est d’ailleurs l’une des forces du film, elle qui forme un tandem qui se compte sur les doigts d’une main. Pine et Rodriguez mènent les troupes, le premier n’en faisant guère de trop, tout en poussant effroyablement la chansonnette pour, certes, divertir les troupes, mais surtout pour tromper l’ennemi. Lillis interprète quant à elle le personnage le plus réjouissant, étant donné sa capacité à se transformer en n’importe quelle créature (dont en ours-hibou), et donc à pouvoir voler ou encore se faufiler dans de très petits trous, tandis que Smith (vu dans « Pokémon : Détective Pikachu » de Rob Letterman) joue un grand magicien en devenir, lequel manque cependant encore de confiance en lui, tout en étant capable, en situation de danger, de tours très impressionnants, en attente donc de réussir à manier les défenses magiques de Mordenkainen, ou encore le Heaume de la Disjonction... Enfin, on pourrait également citer la participation de René-Jean Page (vu dans la série Netflix « Les Chroniques de Bridgerton ») dans le rôle d’un paladin, soit un saint chevalier ayant fui, jadis, son pays de Thay lorsque Szass Tam, un sorcier rouge, a transformé son peuple en une armée de morts-vivants, lequel va aider Edgins et Holga dans leurs aventures, et ainsi tenter d’approcher le personnage d’Hugh Grant, Forge, en train de concocter, de son côté, son plan d’usurpateur en douce. Chaque personnage parvient alors à exister, en ayant chacun quelque chose à apporter à l’intrigue et sa résolution (très) attendue, notamment autour de liens paternels et de l’éternel combat entre le bien et le mal. Cependant, l’univers du jeu mis en images paraît si riche et étendu que le film n’en offre ici finalement qu’une infime partie, d’où le fait qu’on en ressorte un brin frustré de ne pas en voir plus. C’est qu’on ne doute pas une seule seconde qu’il y ait là encore matière et enjeux à approfondir autour de ce monde médiéval et fantastique. Du moins, espérons-le ! Qu’à cela ne tienne, on se laisse pleinement emporter par cette aventure qui en met plein les yeux, mais pas que...

Visuellement donc, « Donjons & Dragons : l’Honneur des Voleurs » s’avère très généreux, malgré quelques effets spéciaux de transition entre certaines séquences qui piquent aux yeux et manquent de visibilité, tandis qu’il nous propose un très large et irrésistible bestiaire, laissant évidemment place à des dragons, bien qu’on aurait souhaité en voir davantage. L’histoire utilise aussi à bon escient les pouvoirs que convoite le jeu de plateau, tandis que le scénario enchaîne les coups de baguette magique pour le rythmer, quitte à manquer parfois de fluctuation de mise en scène, assez monocorde, il faut bien le reconnaître. En effet, à force d’être en perpétuel mouvement, cette épopée manque de réels moments épiques, de bravoure, voire de panache. Certes, on ne finit pas ici par s’ennuyer, mais on ressent tout de même une certaine redondance dans le ton de sa narration. Mais on ne va pas s’en plaindre pour autant, et plutôt savourer l’honnête divertissement très plaisant qu’il nous offre, adapté dudit jeu de rôle sur table, réputé comme complexe. Le film donne même plutôt l’envie d’y jouer, alors que « Donjons & Dragons » prend agréablement vie à l’écran, même si l’ensemble reste dans les clous du spectacle familial, très gentillet. Mais le voyage en vaut cependant la chandelle, en attendant la suite...



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