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Sam Raimi
Doctor Strange in the Multiverse of Madness
Sortie du film le 04 mai 2022
Article mis en ligne le 10 mai 2022

par Julien Brnl

Genre : Fantastique, aventure

Durée : 126’

Acteurs : Benedict Cumberbatch, Xochitl Gomez, Elizabeth Olsen, Chiwetel Ejiofor, Benedict Wong, Rachel McAdams, Michael Stuhlbarg, Patrick Stewart...

Synopsis :
Voyagez dans l’inconnu avec Doctor Strange, qui avec l’aide d’anciens et de nouveaux alliés mystiques, traverse les réalités hallucinantes et dangereuses du multivers pour affronter un nouvel adversaire mystérieux.

La critique de Julien

Quelques mois après son apparition clef dans « Spider-Man : No Way Home », et six ans après un premier film signé Scott Derrickson, le Maître des Arts Mystiques Doctor Strange a droit à une nouvelle aventure au cinéma, en solo, bien qu’on y retrouve aussi du beau monde, devant la caméra de Sam Raimi, lequel s’y connaît bien en matière de super-héros, étant donné qu’il a notamment mis en scène la trilogie « Spider-Man » emmenée par Tobey Maguire. « Doctor Strange in the Multivers of Madness » poursuit alors son incursion dans le Multivers et ses réalités alternatives, auxquelles Stephen Strange se verra donc une nouvelle fois confronté. 28ème film de l’univers cinématographique Marvel et 5ème de la phase IV, c’est sans doute aussi celui qui nécessite le plus un passage préalable par le service de streaming Disney+, afin d’y découvrir la surprenante série « WandaVision », centrée sur Wanda Maximoff, alias la Sorcière Rouge, désormais en proie au Darkhold (le Livre des Damnés), jouée par Elizabeth Olsen. En effet, l’intrigue de ce film fait directement suite aux conséquences des événements tragiques survenus à Westview, laquelle vole dès lors presque ici la vedette de son partenaire Avenger de jeu, Doctor Strange, cherchant quant à lui à protéger la jeune America Chavez (Xochitl Gomez), capable de créer - de manière encore incontrôlable - des portails à travers le Multivers, ce qui aura le don d’attirer les convoitises...

Dans les mains de Sam Raimi, on s’attendait à ce que le cinéaste puisse imprégner le MCU de sa patte de maitre - quant à lui - de l’horreur, puisqu’on lui doit également la trilogie « Evil Dead », ou encore l’excellent « Jusqu’en Enfer » (2009). Et force est de constater qu’il s’agit sans doute là du plus grand atout de ce film, où le cinéaste s’adonne à quelques exubérances et trouvailles visuelles propres à sa signature, et rappelant son amour pour le cinéma de genre issu de la série B. Magie noire, Wanda qui sort d’un reflet de manière désarticulé, ombre diabolique se déplaçant à toute vitesse, version zombie de Doctor Strange, gros monstres, éclairs de méchanceté sans pitié, gimmicks et clins d’œil à sa filmographie... Cet épisode ne manque pas de rappeler que Sam Raimi est un réalisateur dont le style est reconnaissable parmi mille, même quand il s’agit d’une machine parfaitement huilée, tel un film estampillé Marvel, avec pourtant un cahier des charges très strict. Pourtant, force est de constater que Kevin Feige lui a laissé de la liberté artistique, ce qu’on ne peut dès lors qu’apprécier, et souligner.

« In the Multiverse of Madness » profite ainsi d’une cinématographie très colorée, passant du rouge vif aux couleurs sombres, et mettant en avant les ténèbres du Multivers. Certaines scènes éblouisses d’ailleurs par leur exécution, à l’image de celle où Strange et le sorcier Suprême Wong (Benedict Wong) affrontent, avec un réalisme confondant, le démon pieuvre Gargantos dans les rues de New York, mais également celle du combat entre Strange et une autre version maléfique et alternative de lui-même, lesquels s’envoient des partitions musicales extirpées d’écrits pour alors les transformer en projectiles hors normes. D’une réelle inventivité visuelle et musicale, ce pur moment de magie donne tout de même à voir et à entendre les leitmotivs de la 5e Symphonie de Beethoven et de la Toccata de Bach s’entrechoquer. Or, nous n’avions jamais vu cela auparavant ! Aussi, le film permet au spectateur de goûter - brièvement - aux multiples facettes du Multivers, au détour d’une scène hallucinante, où Strange et sa nouvelle protégée America Chavez (alias Miss America) voyageront d’un univers à l’autre, n’obéissant à aucune loi de la physique, eux qui changeront alors successivement de forme, d’état et de texture. On espère en voir plus prochainement...

Mis en scène avec beaucoup de générosité, « In the Multiverse of Madness » profite donc sans cesse de la vague sur laquelle il surfe, offrant dès lors des paysages et bribes de mondes à couper de souffle (comme l’espace entre les univers), mais également des tours de passe très cinématographiques, à l’image du fameux maléfice du rêve-passerelle, permettant à son exécuteur d’investir le corps de son autre version dans une autre dimension. Tout cela est ludique, et nous montre une fois de plus toute l’étendue multidimensionnelle du MCU, mais également ses limites...

S’il démarre sous les chapeaux de roue, tout en ne lésinant pas sur les enjeux sentimentaux de ses personnages principaux, « Doctor Strange 2 » révèle malheureusement trop rapidement la tournure de son intrigue, laquelle suivra alors une ligne de conduite attendue, voire décevante dans le fond, malgré quelques petites surprises en cours de route, forcément liées au Multivers. On souligne toutefois la promotion du film, qui a de nouveau bien caché son jeu quant à l’antagoniste de ce film, rapidement dévoilé, malgré nous. De plus, le film risque d’emmêler les pinceaux des moins friands de voyage au travers d’univers parallèles Marvel, et notamment avec l’intervention des Illuminati (on n’en dira rien de plus), mais dont le traitement interpelle par sa surenchère et une question de pertinence, malgré l’excitation instantanée de les découvrir. Entre nous, il va bientôt falloir, à un moment donné ou l’autre, que la machine à billets verts de Disney revienne les deux pieds sur « Terre-616 » (notre monde, tel qu’on l’apprendra ici), au risque de ne jamais plus pouvoir fermer les portes des possibilités infinies du Multivers, de cumuler les incohérences, et aussi de ne plus parler qu’aux spectateurs les plus assidus. Bref, le MCU s’engage sur une pente casse-gueule, et on souhaite bonne change à ses scénaristes, qui ont plutôt intérêt à ne perdre aucun pense-bête. Qu’a cela ne tienne, nous sommes d’ores et déjà impatient de découvrir la suite des aventures de Doctor Strange...



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