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David Cronenberg
Crimes of the Future
Sortie du film le 25 mai 2022
Article mis en ligne le 30 mai 2022

par Julien Brnl

Genre : Thriller, science-fiction

Durée : 107’

Acteurs : Viggo Mortensen, Kristen Stewart, Léa Seydoux, Scott Speedman, Don McKellar...

Synopsis :
Dans un futur dystopique, l’ADN de la population terrestre s’adapte de plus en plus à son environnement artificiel et pollué. L’artiste Saul Tenser profite de ces évolutions et fait pousser de nouveaux organes dans son corps, que lui et sa partenaire Caprice retirent chirurgicalement lors de leurs performances provocantes.

La critique de Julien

Il était peu probable de retrouver « Crimes of the Future », la dernière réalisation de David Cronenberg, au palmarès du 75e Festival de Cannes, où il était présenté en Sélection officielle en compétition. Alors qu’il emprunte son titre à son second long métrage sorti en 1970 sans avoir aucun lien direct avec ce dernier, ce film nous plonge au Pirée, près d’Athènes, dans un avenir ravagé par le climat, où les humains s’adaptent à un environnement synthétique, et où un couple d’artistes-performeurs de renommée mondiale, Saul Tenser (Viggo Mortensen) et Caprice (Léa Seydoux), s’adonnent en public à du « body art » extrême. Avec leur pratique de croissance accélérée et de retrait de nouveaux organes, ces derniers attireront l’attention d’une équipe d’enquêteurs du National Organ Registry, lesquels s’interrogent sur le « syndrome d’évolution accélérée », permettant dès lors à la race humaine de muter (disparition de la douleur, nouveaux orgasmes sexuels générés par l’ablation des organes, etc.) ; la « chirurgie de bureau » étant devenue monnaie courante...

Ce n’est une révélation pour personne : chaque être humain sur Terre a aujourd’hui ingéré des particules de plastique en raison de la pollution des océans. Voir dès lors un jeune garçon se nourrir de bouchées d’une poubelle en plastique à quelque chose ici de symbolique, de provoquant, et surtout de très actuel. Basé sur un scénario original qu’il a écrit lui-même (ce qui n’était pas arrivé depuis « eXistenZ » en 1999), David Cronenberg, revient ici à du cinéma plus organique, et à ses thèmes de prédilection, comme l’étude visionnaire du corps humain face à la technologie et à sa dégénérescence. « Crimes of the Future » est ainsi à réserver aux fans du cinéma de ce grand Monsieur du septième art, à qui l’on doit « La Mouche » (1986), « Crash » (1996) et « A History of Violence » (2005), pour ne citer qu’eux. Certains y repéreront dès lors des clins d’œil à ses précédents films, tandis que le cinéaste y poursuit son travail d’exploration du corps humain, à l’aube d’un nouveau monde... Malheureusement, son film, s’il n’est certainement pas dénué de sens et de pertinence, baigne dans un mystère dont on ne parvient pas à comprendre tous les enjeux, ni les finalités. De plus, sa mise en scène n’aide pas non plus à prendre part au voyage, elle qui est clinique, quelque peu fauchée (sans parler de la technologie montrée), très théâtrale, crépusculaire et stérile, où les rares extérieurs sont majoritairement filmés - peu lisiblement - de nuit (outre la scène d’ouverture, contrebalançant avec tout le reste).

Sept ans après « Maps to the Stars », David Cronenberg met alors en images un récit dont seul lui a le secret, toujours aussi fasciné par la question du transhumanisme, au travers duquel l’homme de demain y trouverait une nouvelle et étrange satisfaction sexuelle. Mais on reste extérieur à son nouvel égo-trip artistique trop tourné vers son œuvre, la faute également à un emballage très froid, assez cheap, à des ruptures de ton qui désarçonnent, et surtout à des bavardages incessants qui n’en finissent jamais, et qui ennuient donc profondément... Fort heureusement, la musique de son fidèle collaborateur, Howard Shore, est parfaitement intégrée à cet univers expérimental et cauchemardesque, tandis qu’on y retrouve, pour la quatrième fois chez Cronenberg, le toujours habité Viggo Mortensen, au jeu d’acteur sensé, quitte à réussir (tant bien que mal ici) à nous faire croire tout ce qu’il joue.



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