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CINECURE
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Michel Hazanavicius
Coupez !
Sortie du film le 29 juin 2022
Article mis en ligne le 1er juillet 2022

par Julien Brnl

Genre : Comédie

Durée : 111’

Acteurs : Romain Duris, Bérénice Bejo, Grégory Gadebois, Matilda Lutz, Finnegan Oldfield, Luàna Bajrami, Jean-Pascal Zadi, Lyes Salem, Sébastien Chassagne, Charlie Dupont...

Synopsis :
Un tournage de film de zombies dans un bâtiment désaffecté. Entre techniciens blasés et acteurs pas vraiment concernés, seul le réalisateur semble investi de l’énergie nécessaire pour donner vie à un énième film d’horreur à petit budget. L’irruption d’authentiques morts-vivants va perturber le tournage...

La critique de Julien

Présenté hors compétition en ouverture du Festival de Cannes 2022, et initialement intitulé « Z (comme Z) » en référence à « zombie » et « série Z », mais rebaptisé en raison de la symbolique de la lettre « Z » dans le conflit russo-ukrainien, « Coupez ! » est le remake du film japonais « Ne Coupez Pas ! » (2017) de Shin’ichirō Ueda, lequel est mis en scène par Michel Hazanavicius, lui qui souhaitait, depuis longtemps, réaliser une comédie se déroulant lors du tournage d’un film. C’est donc chose faite, avec ce film déganté qui filme, en première partie, un film dans un film. Oui, vous avez bien lus !

Découpé donc en plusieurs parties, la première met en scène le tournage quelque peu chaotique d’un court-métrage de série Z, filmé par Hazanavicius et son équipe en un seul plan-séquence, d’une durée de 32 minutes (avec tout de même une coupure), ce qui est en soi un exploit, et un travail de réalisation assez impressionnant, d’autant plus qu’aucun détail n’est laissé ici au hasard. On y découvre alors un réalisateur autoritaire et surexcité (Romain Duris) qui apparaît, caméra à la main, en plein tournage de son film, en plus de s’en prendre à ses acteurs, très irréguliers dans leur jeu. Mais c’est loin d’être tout... Des voix et des bruits sourds se laissent entendre hors-champs, tandis que de longues répliques et moments blancs semblent être improvisés. Techniquement, les trucages et les raccords sont (très) grossiers, alors que la caméra tombe par terre, en plus d’être mal stabilisée par le (?) cadreur. De plus, une frontière improbable entre fiction et réalité au sein d’une histoire incompréhensible nous interroge, de là à se demander, en tant que spectateur, s’il ne s’agit pas là d’une caméra cachée... Difficile en suite de parler du film sans ne rien en révéler, lui qui dure encore, à l’issue de ce court-métrage, plus d’une heure. Mais vous pouvez cliquer sur la note ci-contre si vous souhaitez en savoir plus, histoire de vous rassurer quant au contenu de ce que vous réserve la suite de « Coupez ! », sans vous gâcher fondamentalement le plaisir, lui qui réside dans sa vision globale, et surtout lorsque les pièces du puzzle sanguinolent s’emboîtent [1].

« Coupez ! » est davantage un film qui plaira au cinéphile qu’au spectateur venu y jeter un œil interrogé, lequel pourrait être extrêmement dérouté par sa première partie. L’un d’eux a d’ailleurs quitté la séance après quelques minutes. Pourtant, Michel Hazanavicius y rend hommage, à sa façon, au métier de metteur en scène et à tous ceux qui participent à la réalisation d’un film, et aux imprévus qui peuvent venir perturber un tournage. Et autant dire qu’ils sont ici très nombreux ! Il faut donc se laisser embarquer avec bienveillance dans ce plan-séquence improbable et déstabilisant, afin d’en découvrir la teneur, autour d’un tournage irrésistiblement grotesque, pour le plus grand plaisir de nos zygomatiques. L’attente en vaut ainsi la chandelle, nous donnant à voir notamment une autre vision, extrêmement inventive et hilarante, des premières images découvertes, même s’il ne s’agit là, finalement, que d’un (libre) remake, mais parfaitement exécuté. Ainsi, plus vous aurez été retourné par la première partie, plus la satisfaction sera grande à l’issue du film, tel que l’a avancé en interview son vrai (!) metteur en scène.

Michel Hazanavicius lève alors le voile sur un film qui regorge de surprises, et qui révèle un double (!) travail de mise en scène, qui devait alors s’avérer être très complexe à mettre en place. Pourtant, force est de constater que derrière cette captation rocambolesque d’un énième film d’horreur fauché, se cache bien plus que cela, soit une comédie pastiche très originale, au travers de laquelle le réalisateur de « OSS 117 : Le Caire, Nid d’Espions » (2006) et de « The Artist » (2011). Ce dernier renoue ici avec l’humour qui caractérisait son premier cinéma, lui qui nous donne à voir ici les dessous difficiles du métier de réalisateur. On pense par exemple aux acteurs, et à leurs caractères, qui peuvent parfois se révéler de manière imprévisible sur un plateau de tournage, ce qui sera le cas de celui des personnages de Romain Duris et de Bérénice Bejo, épatants, tandis que celui de Matilda Lutz (vue dans le « Revenge » de Coralie Fargeat), qui semblait de prime abord stupide et très mauvais interprète, faisait en fait ce qu’il pouvait faire pour sauver les meubles… Vous comprendrez ! Bref, « Coupez ! », c’est une bonne tranche de rigolade assumée, qui procure crescendo le rire, pour alors ne plus l’arrêter, et cela grâce à une narration peu commune, méta et détonnante. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, on vous invite au moins à rester donc jusqu’au bout. Vous pourrez ainsi, au minimum, saluer le travail qui entoure ce film, véritable ode bien vivante aux métiers du cinéma. Et c’est déjà très bien comme ça ! Mais on y met notre main (et notre cervelle) à couper (!) que cette comédie amusera autant qu’elle nous a amusé !



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