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CINECURE
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Raphael Jacoulot
Coup de chaud
Sortie le 23 décembre 2015
Article mis en ligne le 14 décembre 2015

par Charles De Clercq

Synopsis : Au cœur d’un été caniculaire, dans un petit village à la tranquillité apparente, le quotidien des habitants est perturbé par Josef Bousou. Fils de ferrailleurs, semeur de troubles, il est désigné par les villageois comme étant la source principale de tous leurs maux jusqu’au jour où il est retrouvé sans vie dans la cour de la maison familiale...

Acteurs : Jean-Pierre Darroussin, Grégory Gadebois, Karim Leklou, Carole Franck.

 De passage sous la pluie !

A lire le synopsis, nous apprenons la mort de Joef et la comprenons comme arrivant à la fin d’un processus. Certes, c’est le cas, mais dès les premières images, la fin est annoncée, celle de Josef ! C’est que nous sommes la nuit, sous une pluie battante. Celle-ci peut apparaître comme souvent, un cliché dans un film (avez-vous remarqué combien de fois la pluie apparait au cinéma pour nous faire comprendre que les choses ne se passent pas bien ?) et pourtant elle est ici un des éléments de l’intrigue. Dans la nuit noire, sous une pluie battante, nous voyons un homme ensanglanté, visiblement poignardé, se réfugier auprès d’une voiture pour mourir. Nous supposons que c’est lui, le fameux Josef Bousou.

 Histoire d’eau !

Le plan suivant nous fait revenir en arrière pour découvrir un village, anonyme et banal sous le coup d’une vague de sécheresse. L’eau vient à manquer. C’est désastreux pour les cultures et les animaux. C’est une histoire d’eau, de pompe, d’étang, dans un petit village où tous se connaissent et s’apprécient, travaillent ensemble, avec Daniel, le maire du village (Jean-Pierre Darroussin). Tous ? Peut-être pas, il y a une famille, Rodolphe (Grégory Gadebois) et Bénédicte Blin (Camille Figuereo) et leur petite fille qui viennent d’arriver dans le village. Lui est artisan et y a investi pour exercer son métier. Ils s’intègrent bien, au contraire d’une autre famille, ils sont ferrailleurs, un peu en marge, en particulier leur fils Josef (Karim Leklou).

 Un ado dans un corps d’adulte...

Josef a la trentaine, mais il agit comme un ado, voire comme un enfant. On apprendra pendant le film, de la bouche du maire, qu’il souffre de débilité débonnaire et affective. Le réalisateur reprend ici les termes mêmes qui ont désigné durant le procès celui qui a été véritablement assassiné. C’est que le film n’est pas une histoire vraie, mais une libre adaptation d’un fait-divers sordide. Ce jeune homme fait irruption un peu partout, non pas comme s’il était chez lui, mais comme s’il ne connaissait pas les limites, les frontières des territoires à ne pas franchir. La sphère privée, une maison, les objets ne sont pas perçus par lui comme ils le sont par les autres. Et tout l’art du film est de nous mettre, à notre corps défendant, du côté des villageois. En effet, Josef met mal à l’aise. Il ne connaît ni ne respecte les conventions, celles qui balisent nos propriétés et nos échanges.

 Le bouc émissaire...

Nous sentons combien les villageois, les familles, les notables sont mal à l’aise, voire exaspérés lorsque Josef est proche, voire lorsqu’il viole leur intimité. On aimerait le voir mis de côté, arrêté, colloqué, mais la justice semble impuissante pour exclure, mettre à part celui qui, sans avoir toutes sas facultés, n’est pas un « nuisible ». C’est que devant diverses exactions et en particulier le vol d"une pompe, le coupable est bien tout désigné. Certes nous ne pouvons adhérer au rejet, aux sarcasmes (au harcèlement même) des adolescents, mais lorsqu’il attaque une personne âgée ou s’approche d’un enfant, c’en est trop. A tout le moins on souhaiterait que sa famille (déjà vraiment bizarre) le contrôle, voire l’enferme, lui pour lequel Josiane sa mère a beaucoup de compassion (Serra Yilmaz qui est une actrice turque très connue à Istanbul est excellente dans ce rôle de femme étrange et étrangère !).

 Tout cela pour un ange...

C’est au moment où la pluie tant attendue apparait que le geste libératoire sera accompli. Par qui ? Nous ne le saurons qu’à la fin du film (mais l’affiche du film doit aider à comprendre la répartition des rôles). Le qui a peu d’importance, car ce pouvait être « n’importe qui » ! Tous auraient pu être coupables de ce meurtre d’une nuit d’été au bord d’une piscine. Le seul endroit où l’eau ne manquait pas, mais dans le fond de laquelle séjournait un ange. Un tout petit ange, minuscule statuette volée par Josef dans un cimetière, tombé dans la piscine alors que des adolescents le harcelaient une nouvelle fois. Cet ange c’était pour Josef toute une tendresse qu’il voulait exprimer, sentiments et sexe à la fois, toutes choses qui lui étaient interdites. Un ange noyé qui sera repêché, mais il sera trop tard. le mal aura été fait. Nous aurions pu planter Josef avec un couteau ! Tel est le malaise qui nous accompagnera longtemps après la vision du film. Josef était-il un ange ? En tout cas, ce n’était pas un démon et il faut absolument mettre en avant le jeune acteur Karim Leklou dans l’interprétation magistrale de ce rôle.

Coup de chaud : Trailer HD
Coup de chaud : Trailer HD

Au cœur d’un été caniculaire, dans un petit village à la tranquillité apparente, le quotidien des habitants est perturbé par Josef Bousou. Fils de ferrailleurs, semeur de troubles, il est désigné par les...
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