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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Jan Bultheel
Cafard
Sortie le 23 septembre 2015
Article mis en ligne le 10 mai 2015

par Charles De Clercq

Synopsis complet officiel : 1914. Pendant qu’à Buenos Aires Jean Mordant remporte le titre de champion du monde de lutte, sa fille Mimi est violée à Ostende par des soldats allemands. Jean fait le serment de venger cette ignominie. Avec son entraîneur Victor et son neveu Guido, il s’engage au sein du prestigieux bataillon ACM (“Autos-Canons-Mitrailleuses”). Mais les lourds véhicules blindés ont le défaut de s’enfoncer dans la boue flamande et le bataillon est muté vers le front de l’Est. Au grand dam de Jean, qui vient d’apprendre que Mimi est enceinte, débute ainsi une odyssée dramatique autour du monde.

En Russie, l’ennui et la vodka minent le moral des troupes. Le véhicule blindé est baptisé « Cafard » : indestructible comme un cancrelat, mais aussi symbole de nostalgie et de mélancolie. Seule lueur d’espoir pour Jean : Jelena, une infirmière russe, qui ne pourra cependant empêcher son naufrage moral. Au terme d’une opération militaire désastreuse, Jean se venge et abat lâchement un soldat allemand d’une balle dans le dos.

La vengeance est amère. La vision du monde romantique de Jean, héritée du 19e siècle, se déglingue. Quand la révolution russe éclate en octobre 1917, on tue, on pille et on viole. Confronté à tant d’injustice, le jeune Guido est séduit par le communisme. À son instigation, l’ACM conclut un accord avec les bolchéviques et les blindés sont échangés contre un train à destination de l’Est.

Dans la nature sauvage de Sibérie, de Mongolie et de Chine, Jean retrouve un certain équilibre intérieur. Victor est attaqué par un ours. À leur arrivée à Vladivostok, il est amputé d’un bras. Physiquement détruit et rongé par le remords, Victor se suicide.

Les Brave Little Belgians font l’objet d’un accueil triomphal aux États-Unis. Mais les quatre années de privations et de misère qu’ils ont vécues ont laissé des traces profondes. Jean s’éloigne de son neveu communiste. Et enfin des nouvelles de Mimi : il s’avère qu’elle a succombé à la grippe espagnole...

Tenté de commencer une nouvelle vie avec Jelena aux États-Unis, Jean retournera pourtant vers le vieux monde, où il finira par rencontrer son petit-fils.

Un autre homme, une ère nouvelle.


Voilà un film belge, flamand, qui a positivement surpris les critiques cinéma qui assistaient à cette projection très anticipée d’un film d’animation qui sortira en septembre. C’est que personne ne connaissait l’histoire vraie de « Jean Mordant » ce champion du monde de lutte qui, en 1914, décide de rejoindre ce qui sera la toute première brigade d’autocanons mitrailleuse. C’était belge et il a fait, avec d’autres, le tour du monde. « C’est une histoire de fiction qui s’inspire du vrai tour du monde qu’a dû effectuer l’ACM, la division d’élite des autos-canons-mitrailleuses belges de la Première Guerre. L’animation utilise un mélange de motion capture et de facial tracking. Le film a été produit par Arielle Sleutel de la société de production belge Tondo dans une coproduction avec Tarantula, Superprod et Topkapi Films ».

Le film est tourné avec peu de moyens, mais ceux-ci sont utilisés pour nous donner à voir un épisode méconnu de la Grande Guerre, du courage de certains, mais aussi des drames humains, de part et d’autre ainsi que l’illusion de tous que ce sera une guerre très courte. Chacun y allant pour l’honneur. Nous savons ce qui est advenu !

Les dialogues sont véritablement ceux des acteurs durant le tournage des scènes, puisqu’acteurs il y a du fait de la « motion capture » et du « facial tracking » (l’expression réelle des visages, filmés et utilisés pour le rendu informatique).

A ce sujet, le réalisateur précise que l’approche technique développée est ambitieuse. Le recours à une technologie rapide et efficace, développée par l’industrie du jeu vidéo, combine l’impact émotionnel de « vrais » acteurs dramatiques (comme dans un film de fiction), aux qualités artistiques et l’imaginaire sans les contraintes d’un film d’animation. « Le meilleur des trois mondes ! » Il relève trois éléments principaux : l’absence de story-board, la technologie de capture du mouvement avec l’enregistrement simultané de la voix, un look graphique raffiné avec des modèles en low-poly et des textures simplifiées.

Ce sont probablement ces deux derniers éléments qui peuvent surprendre : le caractère très polygonal de l’animation et la simplicité de certains éléments. Surprenant, mais pas dirimant ! C’est que le dessin, les couleurs et l’animation sont au service d’une histoire très émouvante qui débute il à un peu plus de cent ans et qui a marqué alors les esprits. En ces années de commémoration, il faut remercier le réalisateur, les acteurs et l’équipe de nous faire découvrir un passage quasi oublié de notre histoire.

Encore un conseil. Le film est multilingue et « joue » sur les différents accents et dialectes tant wallons que flamands. On perdrait beaucoup à voir le film en version doublée. Donc, même si vous n’êtes pas fana des versions originales, pour celle-ci ce sera vraiment un plus qu’il serait bien difficile de rendre en français (ou en néerlandais !).

Sachons cependant que derrière Jean Mordant, personnage animé de fiction, « joué » par Win Willaert, il y a un lutteur belge Henri Herd, dit Constant le Marin (Liège, 1884 - Liège 1965). Par ailleurs, le nom Cafard donné à l’auto-canon dans le film était en réalité Charlotte. On lira avec profit cet article du site Connaître la Wallonie : Le tour du monde en guerre des autos-canons belges (1915-1918).

Une photo du tournage en motion capture :



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