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CINECURE
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Laurent Van Lancker
Brak (Fallow)
Sortie le 14 septembre 2016
Article mis en ligne le 10 juin 2016

par Charles De Clercq

Synopsis : Europe du Nord. Le système socio-économique mondial s’est écroulé. Les Nord-Européens sont contraints d’envisager la migration, en espérant trouver un avenir meilleur plus loin vers le Nord. Lucas se trouve seul dans un lieu qui est habité par des générations de migrants venus du monde entier. Il se trouve face à un choix : rester au village et construire une relation, ou poursuivre son but et tenter l’expérience de la migration.

Acteurs : Aurora Marion, Tibo Vandenborre, Sam Louwyck, Willy Thomas, Ken Ndiaye

Lien vers l’interview du réalisateur.

Fallow (Brak) a été présenté en avant-première à BOZAR le 30 décembre 2015, dans le cadre du onzième BE Festival et sortira à la mi-septembre sur nos écrans. Auparavant, la première mondiale à eu lieu au Festival du film de Gand, et le film poursuit actuellement sa carrière en festivals de films internationaux.C’est le premier long métrage de fiction de Laurent Van Lancker qui s’était essentiellement consacré au registre documentaire. Cette expérience se ressent dans cette fiction qui en bénéficie. Posant une dystopie (mais pouvons-nous jurer que cela n’arrivera jamais ?), à savoir que l’Europe du Nord est en crise suite à un effondrement mondial des systèmes sociaux et économiques (c’est sûr, cela n’arrivera jamais !), le réalisateur en tire les conséquences à travers le portrait de deux hommes qui veulent prendre la mer pour aller vers le Nord. A dire vrai, les contextes mondial et européen sont à peine effleurés, évoqués en toile de fond. Ce n’est pas à un film catastrophe que nous assistons, mais plutôt aux conséquences sur des humains. Etonnant renversement de point de vue alors que nous-mêmes sommes confrontés à l’arrivée de ces réfugiés venus du Sud. En somme, le film aborde de front cela : « et si cela nous arrivait à nous ! ». Il n’est pas question de moraliser, mais d’être plongé (!) dans le terrifiant quotidien d’hommes et de femmes qui n’ont plus de travail, plus d’espoir et aucune alternative à part tenter de partir vers le « Nord », ici un mythique eldorado, lieu rêvé, fantasmé, sans certitude de ce que l’on trouvera à l’arrivée, si même l’on y arrive.

Laurent Van Lancker (réalisateur et co-scénariste avec Elvis Peeters) adapte la première partie du roman De Ontelbaren de Elvis Peeters. Il filme en décors et situations réelles. En plaçant sa caméra dans des camps de réfugiés, l’église du Béguinage ou le village abandonné de Doel, en Belgique, il met à profit ses compétences de documentariste pour plonger ses héros Lucas (Tibo Vandenborre) et The drifter (Sam Louwyck) dans le réel. Et ici, plus que documentariste, l’expression cinéaste du réel conviendrait mieux, même s’il s’agit d’une fiction ou d’une parabole pour notre temps. Fiction et réel s’entrecroisent. Ainsi l’histoire vraie de la tentative de traversée de la Manche en radeau par un migrant afghan.

Ce film est à voir par tout humain de bonne volonté, une invitation à nous mettre à la place de. Découvrir comment il faut composer avec soi-même, avec les autres, avec ses valeurs pour tenter de survivre, de s’en sortir. A quelles compromissions et trahisons est-on prêt ? Jusqu’où peut-on aller ? Jusqu’où osera-t-on aller ?

Nous prévoyons de recevoir Laurent Van Lancker (et peut-être Tibo Vandenborre) en septembre sur nos antennes. En attendant, pour prolonger la réflexion après avoir vu le film (ou pour préparer celle-ci), vous trouverez ci-après une note des scénaristes (extraite du dossier presse).
(cliquer pour faire apparaitre le texte)

Note des scénaristes

L’histoire du film est noire et amère, mais aussi réaliste. Bien qu’elle imagine une vision futuriste, celle-ci est néanmoins reconnaissable et concevable.

La ligne conductrice est « apprendre à migrer ». Dans cette projection, les Nord européens y sont aussi forcés.

Le scénario décrit la survie et la première expérience de migration d’un citoyen moyen
initialement sédentaire.

Cet homme blanc, Nord européen, doit apprendre à migrer. Il doit à son tour expérimenter et endurer ce qu’il observait auparavant à distance, et que d’autres connaissent et accomplissent déjà. Sam Louwyck le verbalise ainsi dans le film : « Ils savent comment le faire, nous devons maintenant l’apprendre. »

Le personnage principal comprend rapidement que migrer consiste principalement à faire des choix et des sacrifices. Il se sent obligé de sacrifier une partie de ses valeurs, de ses principes et de ses sentiments en vue d’atteindre un potentiel meilleur futur. De la même manière que les migrants d’aujourd’hui doivent se séparer de leurs traditions, de leurs familles et de leurs proches afin d’accomplir leur but.

Beaucoup d’entre eux choisissent de fuir leur enfer quotidien et d’endurer un terrible voyage dans l’espoir de trouver un Eldorado imaginé. Cette histoire démontre que ces sacrifices et ces choix ne sont pas liés à une culture spécifique ou à un certain système de valeur.

De plus, ce n’est pas une expérience évidente, souvent les migrants échouent lors de premières tentatives ou deviennent les victimes de gangs organisés.

La nouvelle société émergente dépeinte dans le film est devenue un mélange coloré de différentes cultures et nationalités. Ils n’ont d’autre choix apparent que survivre à cette crise ou tenter de migrer vers un meilleur endroit. Ce nouvel Eldorado, le « Nord », n’est volontairement jamais précisément situé, car il est avant tout une métaphore et peut-être même un mirage. L’histoire n’est donc pas un simple renversement de la migration - où le Sud deviendrait le Nord mais plutôt une expérience inversée, où un Européen blanc est maintenant confronté à ce qu’expérimente un migrant de Tunisie ou de Libye à la recherche d’un bateau pour traverser la mer.

Cette science-fiction anthropologique, où se mêlent éthique et esthétique, raconte l’histoire de cette migration inversée avec un réalisme poétique.

Le manque le plus important dans la situation décrite n’est pas l’argent ou l’empathie, mais l’engagement et la sincérité. Toutes les relations humaines semblent être subordonnées à la survie. Les deux personnages principaux, Lucas et Amina, usent tous deux de ruse et de sournoiserie dans leur stratégie de survie. Dans le film tout le monde semble cacher quelque chose à un autre. A la fin, l’autre nature de certains personnages est soudainement révélée.

Bande-annonce :

https://www.youtube.com/embed/zEOLVSoY-TA
Trailer BRAK (Fallow) - Film Fest Gent 2015 - YouTube


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