Synopsis : Dans les années 70, au plus fort de la lutte pour les droits civiques, plusieurs émeutes raciales éclatent dans les grandes villes des États-Unis. Ron Stallworth devient le premier officier noir américain du Colorado Springs Police Department, mais son arrivée est accueillie avec scepticisme, voire avec une franche hostilité, par les agents les moins gradés du commissariat. Prenant son courage à deux mains, Stallworth va tenter de faire bouger les lignes et, peut-être, de laisser une trace dans l’histoire. Il se fixe alors une mission des plus périlleuses : infiltrer le Ku Klux Klan pour en dénoncer les exactions.
En se faisant passer pour un extrémiste, Stallworth contacte le groupuscule : il ne tarde pas à se voir convier d’en intégrer la garde rapprochée. Il entretient même un rapport privilégié avec le « Grand Wizard » du Klan, David Duke, enchanté par l’engagement de Ron en faveur d’une Amérique blanche. Tandis que l’enquête progresse et devient de plus en plus complexe, Flip Zimmerman, collègue de Stallworth, se fait passer pour Ron lors des rendez-vous avec les membres du groupe suprémaciste et apprend ainsi qu’une opération meurtrière se prépare. Ensemble, Stallworth et Zimmerman font équipe pour neutraliser le Klan dont le véritable objectif est d’aseptiser son discours ultra-violent pour séduire ainsi le plus grand nombre.
Acteurs : John David Washington, Adam Driver, Laura Harrier, Topher Grace, Jasper Pääkkônen, Alec Baldwin, Corey Hawkins, Michael Buscemi
Nous avons repris le synopsis très complet du site Allociné pour présenter le dernier film de Spike Lee qui nous propose un film « politique » sous forme de « comédie » et, oserait-on, une comédie « noire » ! Le réalisateur qui nous avait habitués à « un peu de tout » ces dernières années, revient avec un film de combat et de dénonciation. Il adapte ici l’histoire vraie de Ron Stallworth (que ce dernier a publiée sous forme de roman). Adaptation puisqu’il y a des différences entre la réalité et la fiction, ce que l’on peut découvrir dans cet article en anglais : What’s Fact and What’s Fiction in BlacKkKlansman (ou à lire ici en format pdf).
Le film débute par un prologue qui met J. Edgar Hoover en scène. Il s’enchâsse ensuite entre un prologue avec des images du film Autant en emporte le vent ((Gone with the Wind) de Victor Fleming (1939) dont le réalisateur estime qu’il a entretenu une mentalité raciste aux USA, et se clôture par des images récentes de la marche raciste de Charlottesville où, en 2017, une voiture heurte des contre-manifestants e cause la mort d’une personne, avec le commentaire de D. Trump spécifiant qu’il y avait des bons et des mauvais de chaque côté ! Au centre du film : Naissance d’une nation (The Birth of a Nation) de D. W. Griffith (1915). Au cœur du film aussi, un moment très fort, la narration du lynchage de Waco en 1916 (plus d’informations ici ou télécharger le document au format pdf).
Bien que l’issue soit connue (pour autant que l’on ai lu le livre ou fait des recherches au sujet de l’histoire), il n’empêche que le film génère de la tension tant certains moments sont risqués pour chacun des deux protagonistes, le noir Ron Stallworth et le blanc (et Juif) Flip Zimmerman. Deux visages bien différents qui, en d’autres occasions pourraient donner lieu à un buddy movie qui donnent une identité à ces flics infiltrés, l’un par le corps, l’autre par la voix. Si certaines situations sont presque cocasses (nous sommes dans une comédie !), d’autres sont plutôt sombres, risquées, dangereuses (nous sommes dans une comédie noire !).
Le réalisateur semble à un moment renvoyer dos à dos blancs et noirs, la puissance blanche et la puissance noire, en alternant des plans de l’un et l’autre camp. Fallait-il adopter le genre comédie pour un film aussi... noir ? Difficile à dire, puisque nous n’avons que cette version qui a le mérite de mettre en lumière un racisme réel et pas seulement larvé (des faits récents au Festival de Pukkelpop en témoignent !). L’on ne peut donc que recommander chaleureusement ce film servi par deux excellents acteurs, John David Washington (le fils de Denzel !) et Adam Driver. Ils sont secondés (c’est le cas de l’écrire) par d’excellents seconds rôles, tant du côté des policiers, sympathisants et antagonistes que du KKK ! Occasion pour le spectateur citoyen de découvrir l’immonde bête du racisme qui est encore bien présente dans le monde, en Europe et même notre pays !
C’était en 1978, il y a quarante ans...c’est encore aujourd’hui !