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Ryan Coogler
Black Panther 2 : Wakanda Forever
Sortie du film le 09 novembre 2022
Article mis en ligne le 11 novembre 2022

par Julien Brnl

Genre : Action, science-fiction

Durée : 161’

Acteurs : Letitia Wright, Lupita Nyong’o, Tenoch Huerta, Danai Gurira, Martin Freeman, Angela Bassett, Winston Duke, Florence Kasumba, Isaach de Bankolé...

Synopsis :
Après la mort du roi T’Challa alias Black Panther, le Wakanda est en deuil et Ramonda a repris le siège royal avec l’aide de sa fille Shuri, des Dora Milaje Okoye et Ayo et de M’Baku. Cependant, quand Namor, roi de Talocan, déclare la guerre à la nation, les personnages que nous connaissons vont devoir s’allier à de nouvelles personnes mais aussi à d’anciennes connaissances pour vaincre cette menace.

La critique de Julien

C’est de pied ferme que le monde entier attendait la sortie de « Black Panther : Wakanda Forever », quatre ans après celle du premier opus nommé à l’Oscar du meilleur film la même année (!), mais surtout un peu plus de deux ans après le décès de son interprète principal Chadwick Boseman, à la suite d’une maladie qu’il avait cachée. La question de Marvel Studios était donc cruciale : continuer, ou arrêter cette mythologie. La réponse, on la connaît, puisque le Wakanda pleure aujourd’hui la disparation de son monarque et super-héros Black Panther, à la suite d’une maladie dévastatrice, lui qui aurait pu être guéri par « l’herbe en forme de cœur » si Killmonger (Michael B. Jordan) ne l’avait pas détruite (dans le premier film). La mère du défunt, Ramonda (Angela Bassett), a alors repris le pouvoir royal avec sa garde les Dora Milaje, dont Okoye (Danai Gurira), et cela avec la ferme intention de protéger sa fille, Shuri (Letitia Wright), sœur cadette de T’Challa. Un an après sa disparition, le monde tente alors de se procurer le vibranium du Wakanda (un gisement naturel du métal de fiction), quitte à le voler, lequel est convoité pour sa capacité à créer des armes de destruction massive. Sauf qu’un gisement sera trouvé au fond de l’océan Atlantique, à l’aide d’une nouvelle technologie créée par une étudiante du MIT (Dominique Thorne, alias Ironheart), détruisant au passage le territoire du royaume sous-marin de Talokan (exit Atlantis dans la bande-dessinée), dirigé par Namor (le mexicain Tenoch Huerta), le dieu serpent à plumes K’uk’ulkan. Ce dernier blâmera alors le Wakanda pour la course au vibranium qu’il a involontairement éveillée, laquelle menace son peuple, tout en donnant un ultimatum à Ramona, soit celui de trouver la scientifique ayant construit la machine de détection de vibranium. Le cas contraire, celui-ci attaquera le Wakanda. Un antagoniste dont l’univers rappelle d’ailleurs celui d’un célèbre personnage de DC Comics. On vous laisse deviner lequel...

Trentième film de l’univers cinématographique Marvel et du septième et dernier de la phase IV, « Wakanda Forever » se regarde comme un chemin de croix autour du deuil de l’acteur Chadwick Boseman, à l’égard de l’inspirante scène d’ouverte de ce nouveau film, où les funérailles de son personnage sont célébrées, tandis qu’apparaît à son issue le classique générique Marvel, laissant entièrement place à la figure de l’acteur regretté dans la peau de son personnage, le tout dans un triste silence de mort. Le poids de cette disparition se fera alors ressentir tout au long du film, notamment via le personnage de Shuri, que Letitia Wright campe ici avec plus de ressentis et de force, même si son jeu manque de profondeur et d’émotion à l’image, elle dont la mère (impériale Angela Bassett) espère qu’elle poursuivra ses recherches sur « l’herbe en forme de cœur », dans l’espoir de créer une nouvelle Black Panther qui défendra le Wakanda, ce qu’elle refusera sous prétexte qu’il s’agit là d’une figure du passé, la vengeance la rongeant... Toujours mis en scène par Ryan Coogler, cette suite laisse alors quasiment toute la place à ses forts personnages féminins, lequel se veut dès lors plus féministe, pro afro-américain, tandis qu’il met en lumière une nouvelle nation avancée et cachée, à savoir celle de Talokan, qui est une civilisation mésoaméricaine sous-marine, aux inspirations mayas, dont le monarque, incroyablement puissant, a des opinions bien arrêtées sur la façon dont le monde devrait être. « Wakanda Forever » prend alors le temps d’installer ses personnages, ses nouveaux enjeux, autour notamment de la question de la protection du Wakanda et de ses ressources, et celle du descendant du costume de Black Panther...

Après séance, on constate alors que près de trois heures sont passées, tout en les ayant senties, étant donné le peu d’action distillée au sein d’un métrage au travers duquel plane le fantôme de son icône disparue, tandis que ces quelques scènes ont déjà été dévoilées durant les différentes bandes-annonces du film. Ryan Coogler étire alors inutilement son - très beau film - en longueur, lequel, après une bonne heure et demie, se révèle être même assommant, la faute à des chutes vertigineuses de rythme. Force est de constater également que cette aventure se déroule majoritairement en interne, au Wakanda, alors que ce dernier doit faire face à une menace vieille de plusieurs siècles, capable pourtant de détourner ses systèmes de sécurité avancés. En effet, outre l’idée de mainmise du monde vivant sur le vibranium ou l’utilisation peu utile du personnage de Martin Freeman (l’agent de la CIA Everett K. Ross, « ami » du Wakanda), toute l’intrigue de cette aventure fait obstacle du monde qui entoure le pays fictif. Pourtant, l’idée de montrer que l’être humain s’empare, peu importe la manière, de richesses qui ne lui appartiennent pas, et cela pour en tirer profit et finalement détruire, aurait été très actuelle. Sauf qu’elle n’est jamais... exploitée ici à bon escient. Le film met également en scène un nouveau personnage du futur MCU, à savoir Ironheart, capable de créer une armure similaire à celle d’Iron Man, lui qui aura droit à une série sur Disney+. Dominique Thorne l’incarne alors, mais sans véritable épaisseur, son personnage rappelant fadement celui de Ms Marvel (Iman Vellani) dans sa manière d’être. C’est d’ailleurs par son seul segment narratif que l’humour de ce métrage se repose, même si l’intrigue n’est pas ici à la fête. Pourtant, toutes ses interventions et répliques manquent le coche. On attend donc d’en voir et savoir plus pour se prononcer, ce personnage occupant bien plus ici plus un rôle d’attraction technologique qu’autre chose...

Visuellement, la suite de « Black Panther » se veut moins chargée, même si ses scènes d’actions restent inventives et fantaisistes, notamment via les armes utilisées (surtout celles du peuple de Talokan, comme celle qui ressemble à une bombe à eau, épousant la forme d’un polyèdre) ou encore les nouvelles combinaisons des Dora Milaje. « Wakanda Forever » se veut donc beaucoup plus intimiste que son prédécesseur, tout en étant un film de transition. Aussi, musicalement, la bande-originale se retient moins à l’oreille, alors que la musique du premier film, déjà signée par Ludwig Göransson, avait vu naître un album entièrement conçu par Kendrick Lamar, surmonté de quelques puissants titres, à l’égard que « All the Stars » (chanté avec la chanteuse SZA) et « Pray For Me » (partagé avec The Weeknd). Toujours inspirée par la culture africaine et ses instruments, celle de « Wakanda Forever » joue ainsi plus la corde sensible, à l’instar du titre « Lift me Up » chanté par Rihanna, dévoilé ici lors du générique final, juste avec une scène post-générique, certes facile, et pourtant intelligemment glissée par Marvel Studios, redistribuant les cartes, pour la suite... Et si vous êtes fan de la chanteuse, alors restez bien jusqu’à la fin du générique, au cours duquel vous pourrez entendre un deuxième titre exclu (« Born Again ») enregistré pour le film, tout en n’étant pas crédité sur la bande-originale officielle du film...



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