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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles
Bacurau
Sortie du film le 25 septembre 2019
Article mis en ligne le 13 octobre 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • présenté en Sélection au Festival de Cannes 2019, d’où il est reparti, ex-æquo avec le film « Les Misérables » de Ladj Li, du Prix du Jury ;
  • Juliano Dornelles, le co-réalisateur du film passe ici pour la première fois à cette tâche, lui qui a été chef décorateur, et notamment sur les deux premiers longs métrages de Mendonça Filho, « Les Bruits de Recife » (2009) et « Aquarius » (2016) ;
  • « Bacurau » signifie en portugais « engoulevent », soit un oiseau crépusculaire et nocturne spécialiste du camouflage, répandu dans l’arrière-pays brésilien ;
  • le film a été tourné dans le Nordeste, une zone géographique du Brésil au climat semi-aride, et principalement dans le village de Barra, dans la municipalité de Parelhas, et dans la zone rurale de la municipalité d’Acari, à Sertão do Seridó.

Résumé : Dans un futur proche... Le village de Bacurau dans le Sertão brésilien fait le deuil de sa matriarche Carmelita qui s’est éteinte à 94 ans. Quelques jours plus tard, les habitants remarquent que Bacurau a disparu de la carte...

La critique de Julien

Reparti du Festival de Cannes en mai dernier avec le second prix le plus prestigieux du festival, « Bacurau » a donc plu à son Jury. Mélange de genres, ce film brésilien nous entraîne dans un petit village isolé du Sertão, vivant en autocratie, formé d’une seule rue principale, lequel parvient encore à résister aux avances du maire de Droite de la région, Tony Jr., qui essaie d’acheter ses habitants afin qu’ils votent pour lui aux prochaines élections, mais sans grande conviction de leur part. Mais Bacurau va mystérieusement disparaître de la carte après le décès de sa matriarche Carmelita, tandis que ses habitants seront frappés par d’étranges et inquiétantes disparitions...

Ce film de genre multi-facettes s’inspire du film de cangaço, un genre typiquement brésilien lié à l’imaginaire cinématographique du Sertão, et à sa forme de banditisme social survenu dans la région du Nordeste de la fin du XIXe siècle au début du XXe, traduisant les révoltes nomades d’hommes et femmes à l’encontre de la domination des propriétaires terriens et du gouvernement, dans une quête de justice et de vengeance suite aux inégalités, au manque d’emplois, de nourriture, et de citoyenneté. Et autant dire que « Bacurau » utilise le cangaço au travers d’un film expérimental comme on n’en a pas l’habitude d’en voir tous les jours...

Inclassable dans sa forme, et situé dans un futur proche dans son contenu, le film des réalisateurs Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles aurait très bien pu remporter le Prix du scénario à Cannes, étant donné qu’il cache bien son jeu, et se dévoile en douceur et douleur, pour alors se métamorphoser en une insurrection barbare et instrumentale d’un peuple face à un monstrueux ennemi, plus politique dans ce cas qu’on ne le pense. Ainsi, « Bacurau » parle au nom de ces peuples longtemps soumis et privés de leurs droits dans le nord-est du pays brésilien, et même à plus grande échelle (inter)nationale, au cours de l’Histoire. Difficile d’en dire plus s’en rien révéler. Ce film saura en tout cas vous surprendre et vous dérouter, lequel se déguste telle une œuvre divisée en plusieurs parties, chacune inscrite dans un genre à part entière, soit du cinéma fantastique, à la science-fiction, ou encore au western.

Filmé avec des objectifs Panavision, offrant une image haute en couleurs, voilà du cinéma « ovniesque » comme on aime en découvrir, lequel évolue sans cesse au sein d’un récit dystopique brutal, pour alors nous captiver jusqu’à ses ressorts collectifs assez inattendus, quelque part jubilatoires, mais violents, et à ne pas mettre ainsi devant tous les regards.



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