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Julian Schnabel
At Eternity’s Gate
Sortie le 24 avril 2019
Article mis en ligne le 12 mai 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • biographie sur le peintre Vincent van Gogh ;
  • présenté à la Mostra de Venise 2018, où Willem Dafoe a obtenu la Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine.

Résumé : Un voyage dans l’esprit et l’univers d’un homme qui, malgré le scepticisme, le ridicule et la maladie, a créé l’une des œuvres les plus incroyables et admirées au monde. Sans être une biographie officielle, le film s’inspire des lettres de Vincent van Gogh, d’événements de sa vie, de rumeurs et de moments réels ou purement imaginaires.

La critique de Julien

Pour son cinquième film (six si l’on compte le concert filmé de Lou Reed « Berlin : live At St. Ann’s Warehouse » en 2008), le cinéaste américain et peintre néo-expressionniste Julian Schnabel a choisi d’évoquer les dernières années de vie de Vincent van Gogh. Artiste peintre incompris de son vivant, et dont la reconnaissance du public envers son œuvre s’est véritablement faite à postérité, van Gogh ne cesse toujours d’influencer les artistes d’aujourd’hui, lui qui est considéré comme un précurseur dans son domaine, tandis que le mystère autour de sa mort continue d’animer les débats. Alors que le sublime film d’animation de Dorota Kobiela et Hugh Welchman « La Passion van Gogh » (2017) mettait en images cette énigmatique disparition, le film de Julian Schnabel, lui, nous invite à suivre au plus près l’artiste dans sa démarche artistique, et même à pénétrer dans sa tête (et son mental instable), et cela dans un but de découverte de la naissance de son art, sans pour autant nous en donner les clefs de compréhension.

Le film présente alors l’homme dans toutes ses nuances et complexités. On y croise notamment Paul Gauguin (Oscar Isaac), dont l’amitié et les conseils auront inspiré son œuvre, ainsi que son frère Théo (Rupert Friend), avec lequel il entretenait une relation soutenue de toute part. De ses longues discussions avec lui-même et autrui, à ses célèbres correspondances (928 lettres tant écrites que reçues) ayant permis de le comprendre, « At Eternity’s Gate » illustre la perception de l’artiste envers son œuvre et ses possibilités de postérité, comme il le dit si bien lors d’un entretient avec un prête (Mads Mikkelsen), jugeant bon de savoir s’il est apte ou non à quitter le centre soignant sa maladie mentale, et auquel il dira alors (à peu de choses près) qu’une vie ne sert qu’à semer des graines, et que c’est le temps qui leur permet de germer, en faisant alors le parallèle avec l’avenir de ses peintures, et leur reconnaissance.

Entouré par un casting majoritairement francophone (le film est aussi bien parlé en anglais qu’en néerlandais, ou français), William Dafoe est phénoménal dans la peau du peintre, revendiquant ne rien savoir faire d’autre que de peindre, tandis qu’il sublimait la nature comme personne. Et on ne peut pas dire que l’acteur ne lui ressemble pas, tant le mimétisme est troublant. Voilà qu’il trouve ici un rôle de composition remarquable, et sans doute l’un de ses meilleurs. Maintenant, sa prestation a bien du mal à exister face à la mise en scène exigeante et à la caméra épileptique de Julian Schnabel, dans le sens où « At Eternity’s Gate » n’est pas un film très accessible...

Jouant de nombreuses fois d’une caméra subjective, au travers de laquelle on a l’impression d’être Vincent van Gogh lui-même, l’image se révèle beaucoup trop instable, de là à nous donner le tournis, et le mal à la tête. C’est surtout qu’il est difficile pour le spectateur de faire face à ces effets qui assomment plus qu’autre chose, même s’ils invitent à l’immersion. Sans parler des filtres jaunâtres et des flous volontaires, et par-dessus tout des gros plans sur visage...

Le film de Julian Schnabel n’est donc pas des plus évidents à suivre, tandis que les notes de pianos et ruptures de ton se multiplient, quand ce n’est pas la voix-off de van Gogh qui résonne dans la salle, sur fond absolument noir... Et puis, il n’est pas question ici d’une biographie cent pourcent officielle, elle qui use en plus d’un peu trop d’ellipses narratives, ne nous permettant dès lors pas de rassembler toutes les pièces du puzzle. Qu’à cela ne tienne, on a à faire ici à un film à part, aussi unique en son genre que l’artiste duquel il s’inspire.



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