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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Guillaume Canet
Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu
Sortie du film le 01 février 2023
Article mis en ligne le 3 février 2023

par Julien Brnl

Genre : Comédie, aventure

Durée : 111’

Acteurs : Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Vincent Cassel, Marion Cotillard, Ramzy Bedia, Linh Dan Pham, Jonathan Cohen, José Garcia, Pierre Richard, Philippe Katerine, Manu Payet, Jérôme Commandeur, Audrey Lamy, Angèle Orelsan, Vincent Desagnat, Franck Gastambide, Issa Doumbia, Linh Dan Pham...

Synopsis :
Nous sommes en 50 avant J.C. L’Impératrice de Chine est emprisonnée suite à un coup d’état fomenté par Deng Tsin Quin, un prince félon. Aidée par Graindemaïs, le marchand phénicien, et par sa fidèle guerrière Tat Han, la princesse Fu Yi, fille unique de l’impératrice, s’enfuit en Gaule pour demander de l’aide aux deux valeureux guerriers Astérix et Obélix, dotés d’une force surhumaine grâce à leur potion magique. Nos deux inséparables Gaulois acceptent bien sûr de venir en aide à la Princesse pour sauver sa mère et libérer son pays. Et les voici tous en route pour une grande aventure vers la Chine. Mais César et sa puissante armée, toujours en soif de conquêtes, ont eux aussi pris la direction de l’Empire du Milieu...

La critique de Julien

« C’est oui, ou bien c’est non ? » Telle est cette question épineuse qui nous taraude à l’issue de ce cinquième film en prise de vues réelles de la série « Astérix et Obélix », d’après les personnages créés par René Goscinny et Albert Uderzo, tout comme le demande Falbala (Angèle) à Obélix (Gilles Lellouche), au sujet de son attirance pour la garde du corps (Leanna Chea) de la princesse Fu Yi (Julie Chen), et non plus pour la jolie blonde. Alors, vous avez la référence ? Car « L’Empire du Milieu » repose essentiellement son humour sur des jeux de mots et des clins d’œil cinématographiques qui, pour la plupart d’entre eux, ne font pas mouche. Mais où est donc passé le comique de situation, le quiproquo, l’inventivité ? Alors que la presse s’arrache les meilleures (et opportunistes) punchlines dans ses titres d’article à coups de terminaisons en « ix » ou « is », laquelle n’est, de plus, pas tendre avec le film de Guillaume Canet, à l’image d’un grand critique de cinéma belge que nous ne citerons pas, notre avis sur ce projet pharaonique se veut plus mesuré. En effet, que pouvions-nous sincèrement attendre de ce film produit pour 66 millions d’euros, faisant de lui l’un des films français les plus chers de tous les temps, et dans lequel s’est, courageusement, lancé en 2019 Guillaume Canet, sous l’impulsion de Jérôme Seydoux, propriétaire de Pathé ?

Après une production compliquée, stoppé net pendant une année à la suite de la pandémie, « Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu » débarque ainsi sur nos écrans, après une promotion très chargée pour Canet et son équipe. Mais ce dernier peut, jusqu’à présent, avoir le sourire, étant donné que son film vient de réaliser le meilleur premier jour pour un film français depuis 15 ans en France, avec 463.026 entrées (dont 275.658 en avant-premières), ce qui est plutôt rassurant, tandis que les vacances d’Hiver pointent le bout de leur nez en France, à compter de ce 4 février, et jusqu’au 06 mars dans certaines zones. Mais il faudra attendre les chiffres des deux premières semaines d’exploitation du film pour se prononcer, ou non, sur son succès, lequel doit engendrer entre 6 et 7 millions d’entrées pour être considéré comme rentable, alors que, à titre comparatif, « Au Service de sa Majesté » (2012) de Laurent Tirard, précédent film en prise de vues réelles inspirées de l’œuvre de Goscinny et Uderzo, avait attiré moins de 4 millions de spectateurs. Il faudra surtout se fier au bouche-à-oreille du film, pour l’instant désastreux, à l’image de sa note spectateurs actuelle sur allociné. On espère, en tout cas, pour Canet que le succès sera au rendez-vous, lequel, d’après un article du journal « L’Informé », devrait toucher un bonus de 1 million d’euros si le film atteignait 7 millions d’entrées, lui qui aurait cependant déjà « gagné 250 000 euros pour son travail de scénariste sur ce film, ainsi que cette même somme en tant que réalisateur ». Mais nous ne sommes pas là pour parler d’argent, mais bien de la qualité du film, d’après une histoire originale, écrite donc par Canet, entouré par Julien Hervé et Philippe Mechele...

Alors qu’Obélix n’est plus interprété ici par Gérard Depardieu, mais bien par Gilles Lellouche, la première chose qui nous frappe aux yeux est justement l’incompatibilité de l’acteur dans la peau du célèbre personnage, tombé, enfant, dans la marmite de potion magique du druide Panoramix, tout en l’ayant ingurgitée. Bras musclé, Gilles Lellouche baigne dans les braies aux rayures verticales bleues et blanches du personnage, rembourrées pour l’occasion, mais lesquelles se plient à la moindre action du personnage. Ce dernier va alors, avec son acolyte Astérix, interprété par son ami - fatigué - Guillaume Canet en personne, se lancer dans un périple de plusieurs milliers de kilomètres, afin de sauver l’Impératrice de Chine (Linh-Dan Pham), emprisonnée à la suite d’un coup d’État organisé par Deng Tsin Qin (prononcez « Dancing Queen »), un prince déloyal (Bun Hay Mean), aidé par Ri Qi Qi (Manu Payet). En effet, revenu de l’Empire du Milieu avec le contrebandier Graindemaïs (Jonathan Cohen), la fille et princesse de l’impératrice s’est enfuie de son pays, afin de demander de l’aide aux deux valeureux guerriers gaulois. Mais c’est sans compter sur Jules César (Vincent Cassel), toujours autant assoiffé de conquêtes, et au courant du soulèvement chinois en cours, alors qu’il doit, en parallèle, faire face aux tromperies de Cléopâtre (Marion Cotillard, et son insupportable rire)...

Ne cherchez donc pas plus loin que ces quelques lignes, résumant amplement cette histoire, laquelle ne livre aucune surprise, malgré quelques bonnes idées (le pigeon voyageur porteur de SMS, le concept-char, etc.), mais abandonnées maladroitement en cours de route, comme la question d’une femme à la tête de l’Empire romain (pas de « César au féminin »), ou l’envie d’Astérix de soigner son alimentation (à bas le sanglier !), ou encore de se défendre sans potion. On finit d’ailleurs rapidement par s’ennuyer dans ce film, faute d’enjeux, de ruptures de ton, tandis que la voix-off de Gérard Darmon, en narrateur, nous demande, une fois la troupe arrivée en Chine, si nous suivons encore l’histoire. C’est dire ! Des répliques doucement absurdes viennent cependant saupoudrer les festivités, quant à elles jouant la carte des effets spéciaux datés. Mais cela est bien trop peu, surtout vis-à-vis du florilège de guest-stars actuelles qui effectuent ici un caméo, pour la majorité sans saveurs, telles que Bigflo et Oli, Orelsan, Franck Gastambide, Philippe Katerine, ou encore Zlatan Ibrahimović, en caricature de lui-même. Mais combien a-t-il donc pu demander pour ce rôle ?! Pourtant, « L’Empire du Milieu » repose essentiellement sur son casting (de potes), manquant grandement de folie, d’existence. Toujours les mêmes, dira-t-on ! Mais le clou du spectacle est sans doute le duo Lellouche/Canet, qui peine à satisfaire, passant son temps à se chamailler (la scène de la séance d’acuponcture est poussive à souhait), ou tomber sous le charme féminin, alors que les ailes d’ange du casque d’Astérix se mettent en branle devant la princesse Fu Yi, sous la musique de Lionel Ritchie. Seuls l’amusant Biopix (José Garcia en crible Galicien de César, à l’accent prononcé) amuse, tandis que Jonathan Cohen (Graindemaïs) et Ramzy Bedia (Epidemaïs) apportent un peu de piments aux nouvelles aventures d’Astérix et Obélix, trop sages, et tentant, en vain, de recréer l’univers de la bande dessinée de Goscinny et Uderzo, parsemé ici de cinéma chinois réduit à ses plus stricts clichés.

Tandis que son metteur en scène, coscénariste et interprète a déclaré ne plus lire les critiques depuis « Ne le Dis à Personne » (2006), car « trop sensible » et ayant du mal à « se faire à l’idée que quelqu’un puisse sacrifier son travail en cinq minutes », force est de constater l’importance pourtant de pouvoir remettre en question son travail, lui qui, en tant que Bélier, « fonce et réfléchis après ». Une mauvaise idée ? Passer de l’intime et nombriliste drame psychanalytique « Lui » à « Astérix et Obélix » n’est certainement pas donné à tout le monde. Mais l’entreprise tout entière que représentent les adaptations de ladite bande dessinée ne devrait pas être du ressort d’un seul homme (à l’exception d’Alain Chabat, faut-il croire), elle qui semble être bien trop pour épaules de l’artiste qu’est Guillaume Canet. Mais on ne lui en veut pas. Il aurait simplement dû réfléchir davantage, et foncer après... Une chose est certaine, le public qui était en salle (avec le critique qui écrit ces lignes) n’est pas resté devant le générique final, dévoilant pourtant des scènes inédites. En avait-il assez ? À vous d’en juger !



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