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Les critiques de Julien Brnl
Aquaman
Réalisateur(s) : James Wan
Article mis en ligne le 25 décembre 2018

par Julien Brnl

➡ Vu au cinéma Acinapolis Jambes - Sortie du film le 19 décembre 2018

Signe(s) particulier(s) :

  • sixième film de l’univers cinématographique DC Comics ;
  • première aventure solo du super-héros malgré lui après un bref caméo dans « Batman v Superman : l’Aube de la Justice » (2016) et un rôle dans « Justice League » (2017), tous deux réalisés par Zack Snyder ;
  • Julie Andrews (« Mary Poppins ») prête ici sa voix au Karathen, une mythique créature de la mer protégeant le trident destiné à l’unique héritier au trône d’Atlantide, alors enserré dans la poigne de fer d’Atlan (le premier roi d’Atlantide) dans un lieu caché.

Résumé : Après avoir sauvé le monde avec l’aide de la Ligue de justice, Arthur Curry découvre rapidement qu’une guerre risque d’éclater entre le peuple d’Atlantis et les habitants de la surface de la Terre s’il n’accepte pas le trône qui lui revient de plein droit, et ainsi de devenir le Roi des Sept Mers, régnant à contrecœur sur Atlantis. Pris en étau entre les Terriens qui détruisent constamment la mer et les habitants d’Atlantis prêts à se révolter, Aquaman doit protéger coûte que coûte la planète toute entière…

La critique de Julien

Voilà trois ans maintenant que James Wan (« Saw », « Insidious », « Conjuring », « Fast & Furious 7 ») travaillait sur une origin-story consacrée au super-héros Aquaman créé par Paul Norris et Mort Weisinger dans « More Fun Comics » n°73, publié en 1941. Basé sur la série de comics écrite par Geoff Johns et dessinée par Ivan Reis en 2011, ce film est le sixième du DC Comics Universe. Après « Justice League » (2017), dont on ne préfère pas se remémorer, « Aquaman » se devait de redonner des couleurs à cet univers cinématographique mal en point. Et ça tombe bien, parce que ce film n’en manque pas. En l’occurrence, il y en a même une surabondance, au travers d’un spectacle visuel total, mais raisonnable ridicule.

Pour autant qu’on accepte d’emblée un kitsch inné à Aquaman (Jason Momoa) et à son (trop) riche univers, alors le film devrait réjouir sans aucune hésitation les fans de blockbusters grandioses, ainsi et surtout que ceux du Roi héritier du trône d’Atlantide. Ici, il est donc question d’une quête initiatique, au travers de laquelle le super-héros (malgré lui) devra accepter son destin afin de sauver l’humanité toute entière. On découvre tout d’abord, flash-back à l’appui, d’où vient Arthur Curry (son nom civil), et ce qui en fait un être unique (il est le fils d’un Terrien et de la Reine d’Atlantide), capable de respirer sous l’eau, et possédant force et résistance colossales. Après avoir vaincu Steppenwolf, le voilà qu’il aide de pauvres innocents, mais sans rien ne devoir à personne. Il parviendra notamment à secourir des sous-mariniers attaqués par des pirates, dirigés par « Black Manta » et son père, lequel Aquaman laissera mourir devant les yeux de son fils. La routine d’Arthur prendra alors une toute autre tournure lorsque la Princesse Mera (fille de Nereus, Roi du Royaume de Xebel - l’une des Sept Mers) viendra lui demander de la suivre à Atlantide afin de revendiquer sa place sur le trône qui lui revient de plein droit, et ainsi déjouer les plans de son demi-frère Orm (fils de l’ancien Roi Orvax ayant épousé la Princesse Atlanna, et mère d’Aquaman) qui, une fois roi, déclarera une guerre absolue aux « Surfaciens » pour toute l’horreur qu’ils font endurer à l’Océan. Pour éviter cela, l’enfant des deux mondes devra alors se confronter à ses angoisses, et ainsi faire l’impasse sur sa liberté afin d’assumer ses responsabilités de sang. Pour cela, il lui faudra asseoir son autorité, et prouver sa légitimité à accéder au trône devant les yeux des peuples, notamment en réussissant à réunir les Sept Mers à l’aide du trident du Roi Atlan (responsable de l’engloutissement d’Atlantide), s’étant retiré depuis avec son précieux dans un endroit inconnu, et inaccessible au commun des mortels...

Grandement inspiré de Comics New 52 réalisé par Geoff Johns en 2011, « Aquaman » tire aussi certaines de ses réplications et créations visuelles de l’œuvre entière de Jules Vernes, comme cette splendide mer cachée au cœur du noyau terrestre, laquelle représentera d’ailleurs un aboutissement dans le périple d’Arthur Curry. Sans oublier Howard Phillips Lovecraft, dont l’influence se fait sentir notamment pour le Karathen (le gardien du fameux trident), mais aussi pour les créatures de la Fosse. Très fidèle aux comics, le film prend pourtant d’énormes libertés concernant les liens tissés entre les personnages, notamment pour une question de facilités. Il est vrai que le film, dans le souci de vouloir en montrer (beaucoup trop) n’a d’autre choix que de procéder de la sorte pour arriver à boucler son récit.

On n’attendait pas de ce film une telle générosité visuelle (excessive). James Wan nous prouve ainsi son amour pour l’univers qu’il met en images, et ne lésine pas sur les moyens ! Certaines séquences sont tout simplement époustouflantes, comme celle où Arthur et Mera sautent parallèlement de toit en toit en Sicile, alors poursuivis par une armada de soldats dirigés par Black Manta sous le commandement de l’héritier Orm, lequel, ne pouvant tuer Aquaman par ses soins, s’est alors associé à Manta pour réaliser le travail, lui qui souhaite venger la mort de son père. On retiendra aussi cette descente dans la Fosse, où une horde de créatures accompagnent l’homme poisson et sa compagne dans les profondeurs des ténèbres, rythmée par une bande-originale angoissante et apocalyptique (mais pas toujours adaptée). Sans oublier ces courses-poursuites aquatiques à la « Star Wars » ou encore cette guerre à façon du « Seigneur des Anneaux », mais sur le plancher océanique... Oui, « Aquaman » est un émerveillement bleuâtre, et une claque visuelle à bien des moments.

Maintenant, force est de constater qu’à trop en faire, le film en devient trop chargé.
On est parfois frustré dans ce film étant donné que l’ensemble des décors traversés par Aquaman et autrui n’ont pas droit au même traitement, tandis que certains d’entre eux sont même sous-exploités. Et puis, à force de parcourir les océans sans relâche, on en vient vite à ne plus savoir où poser du regard. Tout déborde alors de partout, jusqu’à provoquer le tournis. Il faut d’ailleurs bien avouer qu’on est ici dans un film ayant nécessité davantage de travail en post-production qu’en tournage. Le spectateur doit alors s’armer, car tout n’est pas toujours facile à digérer. Si l’humour n’est, par exemple, pas la priorité du long métrage, son univers appelle, au contraire, parfois à rire, malgré nous ! Et on parle ici des décors, des monstres, de l’armement des Atlantes, de leurs moyens de locomotion animaliers, de leurs armures, etc. Le mauvais goût n’est d’ailleurs jamais bien loin, notamment lorsque les protagonistes arrivent en Sicile lors d’une scène au ralenti, digne d’une carte postale poussive, ou encore lorsque l’on découvre le visage ultra-photoshopé de Nicole Kidman. Avec tout ça, c’est la crédibilité de l’histoire qui se prend une vague, tandis que les personnages (outre Aquaman et Mera) se prennent beaucoup trop au sérieux.

Dans l’ensemble, les acteurs s’en sortent avec les honneurs, malgré leur affublement et leur écriture - certains pourraient d’ailleurs ne pas être présents que ça ne changerait pas grand chose (mais il faut bien tâter la suite des événements). Globalement, le scénario (écolo comme il faut) n’est certainement pas non plus le point fort du film, tandis qu’il surfe sur des facilités et quelques incohérences bien visibles. De plus, les dialogues provoquent bien souvent des vagues de tsunamis meurtrières pour nos oreilles de Terriens. Enfin l’un des grands problèmes de ce film, c’est sans doute son manque de personnalité. En effet, on a bien du mal à déceler un brin d’originalité dans cette histoire (tout comme chez ce héros).

Qu’importe, James Wan nous offre ici un spectacle gargantuesque et relativement imaginatif dans sa mise en scène que dans n’importe quel autre film de cet univers, ou à gros budget de ce genre, notamment lors des scènes d’action, qui se comptent à la pelle. On sent que le réalisateur est un maniaque, et qu’il tient ce projet par ses nageoires, malgré l’énorme machine située derrière, et dont il sert de pantin. « Aquaman » est donc un divertissement haut en couleurs, un mélange de genres incohérent mais calibré pour en mettre plein les yeux, et faisant naître un nouveau destin héroïque évoluant dans un monde aquatique impressionnant, mais foutraque.



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