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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Peyton Reed
Ant-Man et la Guêpe : Quantumania
Sortie du film le 15 février 2023
Article mis en ligne le 20 février 2023

par Julien Brnl

Genre : Action, fantastique, science-fiction

Durée : 118’

Acteurs : Paul Rudd, Evangeline Lilly, Michael Douglas, Michelle Pfeiffer, Jonathan Majors, Kathryn Newton, Bill Murray...

Synopsis :
Les super-héros et partenaires Scott Lang et Hope Van Dyne – alias Ant-Man et la Guêpe – vont vivre de nouvelles péripéties. En compagnie de Hank Pym et Janet Van Dyne, les parents de Hope, le duo va explorer la dimension subatomique, interagir avec d’étranges nouvelles créatures et se lancer dans une odyssée qui les poussera au-delà des limites de ce qu’il pensait être possible.

La critique de Julien

C’est à l’issue de la série « Loki » (2021) de Marvel Studios (uniquement disponible sur Disney+) que nous faisions la connaissance d’une version alternative du nouvel antagoniste des Avengers, à savoir Kang le Conquérant, alias « Celui qui Demeure » (joué par Jonathan Majors), lequel y avait créé le Tribunal des Variations Anachroniques (ou TVA, « Time Variance Authority » en VO), soit un organisme qui agissait pour arrêter toute personne qui tenterait d’altérer le temps, protégeant ainsi « l’éternel flux temporel ». Tué par Sylvie (Sophia Di Martino), l’un des variants féminins de Loki (Tim Hiddleston) à la suite d’un choix cornélien, la mort de ce Kang mettait ainsi fin à la chronologie singulière, qu’il maintenait. Or, celui-ci, après que plusieurs variants de lui-même aient découvert des univers alternatifs et se soient contactés au 31e siècle, avait mis fin à une guerre multiverselle, avec sa création de la TVA, empêchant dès lors de nouvelles brèches dans le continuum espace-temps... C’est désormais une autre version de lui-même que l’on découvre dans « Quantumania », troisième film autour de l’univers miniature de « Ant-Man », toujours joué par Paul Rudd, dont les nouvelles aventures se déroulent quasi-entièrement dans le Royaume quantique (ou la Dimension subatomique), soit un univers or du temps et de l’espace, dissimulé sous le nôtre. Kang y est alors coincé (spoiler : [1]), et cherche à s’y échapper (spoiler : [2]), tout en y ayant reçu, dans le passé, l’aide de Janet van Dyne (Michelle Pfeiffer), lors de son propre exil durant 30 ans dans ladite dimension, elle qui a cependant tu aux siens cet épisode de sa vie (et en a été libérée depuis les événements de « Ant-Man et la Guêpe », sorti en 2018). De nos jours, Scott Lang (Ant-Man) et Hope van Dyne (Evangeline Lilly, la Guêpe) sont, de leur côté, désormais célèbres dans le monde pour leur technologie quantique, ayant aidé les Avengers à triompher de Thanos (Josh Brolin). Mais alors que sa vie n’a, d’après lui, « aucun sens », Scott en cherche un nouveau, lui qui vient de publier son autobiographie, alors que Hope a repris l’entreprise de son père, Hank Pim, utilisant ses particules pour des aides humanitaires. Quant à ce dernier, il vient de mettre au point un télescope capable de communiquer avec le Royaume quantique, et cela avec l’aide sa petite fille Cassie (Kathryn Newton), ce qui effraiera aussitôt Janet, avant qu’ils y soient, tous, aussitôt happés après une petite démonstration...

Il y a comme un problème de taille dans « Ant-Man et la Guêpe : Quantumania » ! En plus d’être visuellement assez laid et illisible dans ses effets, filmés entièrement sur fond vert, et rappelant en bien moins abouti l’univers du récent dessin animé « Avalonia, l’Étrange Voyage », ce film avait la lourde tâche de lancer la Phase 5 du MCU et d’intégrer le nouveau méchant de l’univers des super-héros Marvel. Or, il le fait ici en se brûlant les ailes, allant trop vite en besogne. Alors qu’il y répète plusieurs fois qu’il n’existe pas de temps, mais qu’il en a perdu beaucoup trop, on comprend difficilement le discours paradoxal de Kang le Conquérant, malgré l’interprétation soutenue, mais sans grandes nuances, de Jonathan Majors. Et force est de constater que Marvel Studios s’enfonce encore un peu plus ici dans son trip multiversel sérieux, de plus en plus destiné à ses seuls fans irréductibles, quitte à en oublier le spectacle accessible et familial qu’il est censé être avant tout. En témoigne ici des notes d’humour qui tombent sans cesse à plat, alors que le personnage de Paul Rudd et son univers infinitésimal sont pourtant synonymes de trouvailles visuelles originales et ludiques à bien des niveaux (de grandeur) et d’échelles de taille. C’est finalement comme si le spectateur ne parvenait pas à plonger avec ses personnages dans le microcosme qu’est la Dimension quantique, regardant de (très) haut et de (très) loin (!) cette histoire riquiqui, envers laquelle on est censé hocher en avant et arrière la tête en signe d’acquiescement. Or, on reste perplexe face aux nombreuses interrogations (quid de l’existence du peuple autochtone, ou encore de la tempête d’hypothèse ?), facilités d’écritures et ellipses narratives qui demeurent - bien plus que Kang - du scénario troué de « Quantumania ». Ce troisième épisode atteint même des sommets de ridicule avec le personnage de MODOK (le tocard), en bras droit de Kang, dont on taira les origines, et au visuel absolument grotesque, sans compter sur une guerre finale dans la citadelle bâtie par Kang, entre son armée et les alliés de Ant-Man, dans lesquels on trouve notamment des monstres à tête de brocoli, des maisons vivantes, ou encore Veb (doublé par David Dastmalchian), une espèce de créature en slime fascinée par les sept trous du corps humain...

Mais alors qu’on reprochait - notamment - aux précédentes aventures anecdotiques « solos » d’Ant-Man de n’avoir développé le personnage de Janet van Dyne, jouée par Michelle Pfeiffer, « Quantumania » rattrape le coup, la positionnant même au centre de cette nouvelle intrigue, elle qui en est même indirectement responsable. Or, il est très intéressant et plaisant d’offrir à de grands acteurs de cinéma une place de choix dans cet univers initialement destiné au jeune public, friand de science-fiction et de super-héros aux pouvoirs dantesques. Pourtant, pour Janet (la guêpe originale), tout n’a été que survie durant les trois dizaines d’années qu’elle a passées (loin d’être seule) dans la Dimension quantique, tentant d’en sortir, sans moyen (malgré la proposition qu’on lui a faite, mais qu’elle a - à juste titre - refusée, ce que l’on sait maintenant). « Quantumania » nous apporte alors des réponses qu’on n’avait pas eues précédemment, ce qui est en soi une bonne surprise, et prouve que Marvel Studios en a toujours sous le pied (quitte à l’écraser), même si l’on doute que cela fût prévu dès le départ. Aussi, ce film n’est jamais aussi efficace et jouissif qu’au moment où la figure d’Hank Pim, campé par un Michael Douglas vieillissant, et son armée de fourmis hyper-évoluées débarquent pour tout raser sur leur passage, et mettre à mal Kang et sa technologie. « Toujours faire attention aux petits », répétera à plusieurs reprises Cassie, la fille de Scott Lang (avec laquelle il veut rattraper le temps perdu). Et on comprend pourquoi ! Qu’à cela ne tienne, ce sont ici les seules valeurs sûres, appréciables et fondamentales quant à l’univers de l’homme-fourmi (au départ inventif), qui ressortent de la vision de « Quantumania », dont les aboutissants risquent d’encore plus enchevêtrer les réalités alternatives du Multivers, en témoigne ses deux scènes post-génériques, plus ou moins attendues...



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