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CINECURE
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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews. Si celui-ci produit des émissions consacrées au cinéma sur la radio RCF Bruxelles, celle-ci n’est aucune responsable du site ou de ses contenus et aucun lin contractuel ne les relie. Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques.

Woody Allen
A Rainy Day in New York
Sortie du film le 18 septembre 2019
Article mis en ligne le 22 septembre 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • présenté en ouverture, hors compétition, au Festival du film américain de Deauville 2019 ;
  • le distributeur du film, Amazon Studios, a suspendu la sortie du film aux Etats-Unis suite à une controverse liée à plusieurs accusations d’agressions sexuelles à l’encontre de Woody Allen, portées par sa fille adoptive Dylan Farrow depuis 1992 ;
  • plusieurs acteurs du casting ont déclaré ne plus vouloir dorénavant travailler avec Woody Allen, tandis que Griffin Newman, Timothée Chalamet, Selena Gomez et Rebecca Hall ont fait don de leur salaire à des associations, telles qu’au mouvement anti-harcèlement « Time’s Up », au centre LGBT de New-York ou à « RAINN », réseau national américain de viol, d’abus et d’inceste.

Résumé : Deux étudiants, Gatsby et Ashleigh, envisagent de passer un week-end en amoureux à New York. Mais leur projet tourne court, aussi vite que la pluie succède au beau temps… Bientôt séparés, chacun des deux tourtereaux enchaîne les rencontres fortuites et les situations insolites.

La critique de Julien

Réfugié en Europe depuis qu’il est rejeté par les États-Unis suite au regain d’intérêt (par le mouvement #MeToo) des accusations d’agressions sexuelles formulées par sa fille adoptive, datant de 1992, Woody Allen a finalement trouvé des distributeurs indépendants à travers le monde (hors USA) pour distribuer son dernier film intitulé « A Rainy Day in New York », les studios Amazon ayant littéralement abandonné ce projet, lequel a été attaqué en justice par le cinéaste, pour avoir indûment mis fin à un contrat de quatre films avec ce dernier.

Alors qu’elle est sortie et qu’elle sortira un peu partout en Europe, ainsi qu’en Amérique latine et du Sud, tout comme en Corée du Sud, cette comédie, qu’on espérait voir un jour, a enfin débarqué cette semaine dans nos salles, sous un mauvais jour.

Assez mineur dans la filmographie du réalisateur, « A Rainy Day in New York » met en scène un jeune couple d’étudiants, formé par Timothée Chalamet (Gatsby Welles) et Elle Fanning (Ashleigh Enright), eux qui s’apprêtent à vivre leur premier week-end en amoureux, à New York, où le beau temps laisse rapidement place à la pluie. Sauf que cette escapade à Manhattan ne se passera pas totalement comme prévue...

Le premier, véritable joueur de poker invétéré, assez vieillot et pittoresque dans son attitude, rejette alors ses origines familiales assez aisées, lequel espère d’ailleurs échapper (à tout prix) au gala que sa mère organise ce week-end à Big Appeal, tandis que la seconde a obtenu, dans un célèbre hôtel de la ville, une entrevue avec le cinéaste Roland Pollard (Liev Schrieber), en vue de réaliser un article pour un journal universitaire, alors que le réalisateur s’apprête à boucler son prochain film. Mais Ashleigh, très naïve, se laissera rapidement emporter par le tourbillon new-yorkais et des opportunités qu’elle ne laissera pas passer au grand dam de Gatsby, faisant les cent pas dans la ville, en attendant son retour, lequel tombera alors sur Shannon (Selena Gomez), une ancienne connaissance, et cela lors du tournage d’un film d’étudiant...

Avec son cocktail de personnages secondaires très stéréotypés (aussi bien psychologiquement que sentimentalement), issus, principalement, du milieu cinématographique, on ne peut pas dire que Woody Allen fasse preuve ici de finesse. Ainsi, l’image du réalisateur en pleine crise existentielle, du scénariste dont la vie amoureuse ressemble à un script digne d’un film à Oscar, ou encore celle de l’acteur - infidèle - bien plus reconnu pour sa beauté que son talent, n’est pas vraiment originale, alors que la double narration que met en place le cinéaste n’offre rien d’autre qu’une nouvelle vitrine scénaristique à ses thèmes de prédilection. Autrement dit, Woody n’y refait pas le monde, et encore moins son cinéma.

Un film fatigant ? En tout cas, Woody semble fatigué, car son film est peu ambitieux, sédentaire, prévisible, et peu remuant. Il faut alors attendre ses derniers instants pour qu’il nous livre enfin ses scènes les plus intéressantes, venant véritablement donner du relief à l’histoire de ce couple, et de ses jeunes membres. Mais pour arriver à cela, on aura fallu entendre plus d’une heure trente, et supporter de longs bavardages... Alors certes, « A Rainy Day in New York » possède toujours le charme intact d’un Allen, mais pas aussi enjoué et efficace que d’habitude, tandis que pour sa troisième collaboration avec le chef-opérateur Vittorio Storaro, après « Café Society » (2016) et « Wonder Wheel » (2017), la photographie de ce film n’est pas aussi séduisante qu’elle l’a déjà été.

Sans faire de vague, mais juste quelques gouttes, Woody Allen nous revient en petite forme avec ce film, que l’on retiendra sans doute davantage pour sa production compliquée, et le buzz suscité, qu’en lui-même. Mais Woody n’est pas mort, et on attend de pied ferme son cinquante-quatrième film, jusqu’à présent intitulé « Rifkin’s Festival », financé en Espagne, qui mettra notamment en vedette Christoph Waltz, Louis Garrel ou encore Sergi López.



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