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Héctor Cabello Reyes
7 jours pas plus
Sortie le 30 août 2017
Article mis en ligne le 8 août 2017

par Charles De Clercq

Synopsis : Quel est le point commun entre une vache qui tombe du ciel, un quincaillier célibataire et maniaque, un jeune Indien perdu, et une jolie Normande qui aime les quincailliers maniaques ? Une simple question : tout ce qui nous arrive relève-t-il vraiment du hasard ?

Acteurs : Benoît Poelvoorde, Alexandra Lamy, Pitobash, Anne Girouard.

 Un scénariste devient réalisateur

Il s’agit de la première réalisation de l’acteur et scénariste Héctor Cabello Reyes. Sachant que son premier scénario était celui du dispensable Poltergay en 2006 et de Barbecue en 2014, on pouvait craindre le pire. Néanmoins, il y avait eu l’an dernier Retour chez ma mère d’Eric Lavaine, qui sortait un peu du lot des médiocres comédies françaises habituelles et en 2013, 9 mois ferme d’Albert Dupontel. Il y avait surtout la coécriture du scénario du film Le concert de Radu Mihaileanu en 2009.

 Remake ou libre adaptation ?

Pour le coup, il valait la peine d’être attentif à son dernier film, remake ou libre adaptation de Un cuento chino de Sebastián Borensztein (2011)(synopsis en note (attention spoiler !) [1]. Au départ celui-ci reprenait l’histoire vraie d’une vache qui tombait du ciel. Elle se passait en Sibérie et le réalisateur argentin va la transformer en conte doux-amer avec Ricardo Darín dans le rôle de Roberto, un quincailler maniaque qui va voir sa vie bouleversée par la rencontre inopinée avec Jun (Ignacio Huang) un jeune chinois. Ce film argentin avait été remarqué, avait séduit et obtenu plusieurs prix : Meilleur film et prix du public au Festival international du film de Rome ; Prix Sud du meilleur film argentin en 2011 ; Prix Goya du meilleur film étranger en langue espagnole en 2012. Il était donc délicat d’adapter ce conte et d’en faire un remake, un concept qui ne parle pas au réalisateur : « Comme je viens du théâtre, la notion de « remake » ne me parle pas. Quand tu adaptes Hamlet par exemple, tu ne fais pas un remake, tu crées ta propre mise en scène. C’était un film formidable (NDLR : Un cuento chino), mais je voyais certaines choses différemment. Je me suis vraiment emparé de l’histoire, je me suis projeté. Je voyais très bien comment la raconter et en faire quelque chose d’autre, avec plus d’émotion et de profondeur, tout en gardant la comédie. La comédie italienne faisait beaucoup ça, ce passage permanent entre émotion et rire. ».

 Le pari est gagné

Si l’original argentin n’est pas dépassé par son adaptation franco-belge par le chilien Héctor Cabello Reyes [2], il n’empêche que le réalisateur s’en sort bien, aidé en cela par ses acteurs, tout particulièrement Benoît Poelvoorde qui n’excelle jamais autant que dans les œuvres où le drame côtoie de très près la comédie. Sans être un copier/coller de l’original, celui ou celle qui l’a vu en salle ou en DVD sera en terrain connu si pas conquis ! Le développement et l’itinéraire sont analogues à défaut d’être semblable et l’acteur Pitobash excelle dans son rôle de l’indien Ajit (et pas l’hindou donc !) à la place du chinois Jun. On jouera sur les mots en signalant que si pour l’un et l’autre protagoniste leurs langues respectives (hindi et français) sont du... chinois tant dans le film que dans le monde réel. Ainsi si Poelvoorde ne connait pas l’hindi, Pitobash ne connait pas le français ! Il a dû être dirigé en anglais et a appris les répliques de Pierre (Benoît Poelvoorde) de façon phonétique [3]. C’est probablement involontaire, mais cette incompréhension mutuelle des deux acteurs dans le « réel » a dû influencer leur façon de jouer et de transmettre avec beaucoup d’efficacité l’incommunicabilité, un des thèmes du film. S’y ajoute celui de l’enfermement de ce français du Nord qu’un deuil a marqué et empêche d’être en relation. Si Ajit n’est pas à proprement parler un migrant, cette dimension est présente dans le film. Le réalisateur n’y a « pas pensé une seule seconde. Dans mon esprit, cet Indien n’était pas un migrant, c’était un type qui travaillait à bord d’un bateau et qui se retrouve dans une situation imprévue. Je l’ai volontairement laissé dans le flou en laissant chacun s’approprier l’histoire comme il le voulait. Il se trouve que le film prend une résonance particulière aujourd’hui. Mais j’aimerais que les spectateurs le voient comme un conte, une fable. Je voulais surtout leur parler d’un ailleurs. »

Des gags feront rire des spectateurs (ce qui a été notre cas, souvent) peut-être involontairement, mais ils font mouche pour mieux découvrir cet homme qu’une vie trop mal rangée et repliée sur elle-même a transformé en quelqu’un d’amer et de bougon. La relation avec Ajit va les aider l’un et l’autre à se découvrir à travers des situations absurdes parfois, mais qui trahissent souvent un état de la société. Il ne faut pas oublier la relation avec Jeanne, reprise du film original... mais qui manque peut-être un peu d’originalité. S’il fallait faire un (petit) reproche au film, c’est de ne pas assumer totalement sa belgitude en la reportant fictivement en France. Mais c’est peut-être la règle du jeu du tax-shelter qui nous permet d’offrir ici un petit conte qui ne manque pas d’humour et de sensibilité. Un film sans prétention et qui fait du bien ! Oh, la vache, serait-ce possible ? Même si cela ne tombe pas du ciel : oui !

7 jours pas plus : Trailer HD
7 jours pas plus : Trailer HD

Adrien, onze ans, est un enfant timide au tempérament inquiet. Il partage son temps entre ses parents divorcés : Romain, homme rassurant, qui a refait sa vie avec Gabrielle, et Marie, mère impétueuse et exaltée...
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Lien vers la critique de Julien Brnl



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