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Johannes Roberts
47 Meters Down : Uncaged
Sortie du film le 25 septembre 2019
Article mis en ligne le 29 septembre 2019

par Julien Brnl

Signe(s) particulier(s) :

  • second film à sortir sous la bannière « 47 Meters Down », toujours dirigé et co-scénarisé par Johannes Roberts ;
  • Sistine Rose Stallone, la fille de Sylvester Stallone, et Corinne Foxx, celle de Jamie Foxx, figurent ici au casting.

Résumé : Un groupe de filles décide d’aller nager près de ruines sous-marines au large des côtes brésiliennes. Elles vont vite se rendre compte qu’elles ne sont pas seules sous les mers...

La critique de Julien

On avait plutôt bien apprécié « 47 Meters Down », sorti il y a deux ans, dans lequel deux amies se retrouvaient coincées au fond de l’eau, dans une cage d’observation de requins, alors que les animaux affamés guettaient leur moindre geste. Le réalisateur Johannes Roberts, qui ne chôme pas depuis lors (il a réalisé entre temps la suite décevante de « The Stangers », tandis qu’il a été choisi pour relancer au cinéma la saga « Resident Evil »), parvenait alors à créer une atmosphère sous haute tension très efficace, là où les requins n’étaient finalement qu’un prétexte au danger qui rôdait. Car c’était finalement l’environnement aquatique incertain et non perceptible qui créait en nous une terreur sans précédent, et qui fonctionnait, du début à la fin. D’ailleurs, sans les requins, « 47 Meters Down » aurait été sans doute toujours aussi angoissant. Alors que Jason Statham s’est battu à son tour, l’été 2018, et avec énormément de succès (commercial), contre un squale préhistorique dans « En Eaux Troubles » (de Jon Turteltaub), qui prouvait encore une fois que les films de requins avaient la cote, Johannes Roberts revient aux affaires pour une fausse suite, intitulée « Uncaged ».

Dans ce film, il est donc question de nouveaux personnages, n’ayant aucun rapport avec ceux installés dans le premier film. On y suit alors l’adolescente Sasha et sa demi-sœur Mia, lesquelles sont entraînées par les amies de cette dernière, Alexia et Nicole, à se rendre dans un lagon secret, plutôt que de partir en excursion maritime, sur un bateau « aquarium », où les passagers s’amusent à lancer des appâts dans l’eau afin de pouvoir observer les requin... Elles atteindront alors, après avoir trouvé sur place du matériel de plongée, une ville Maya submergée du Yucatán, dont une ancienne chambre sacrificielle, là où le père de Mia et ses assistants préparent une visite archéologique la semaine suivante. Elles rencontreront alors l’un d’eux, Ben, qui sera soudainement dévoré par un requin. Et c’est bien connu : la panique générale, ça fait des dégâts... Les demoiselles provoqueront alors une réaction en chaîne d’éboulements, elles qui seront poursuivies par des requins. Il leur faudra alors trouver une autre issue, et pour cela, parcourir le reste de la ville, infestée de (gigantesques) requins ayant appris à évoluer dans ces lieux...

Alors que « 47 Meters Down » réservait son lot de twists très inattendus, du fait que le cerveau humain subit de fortes pressions à grande profondeur, lequel est alors sujet parfois à quelques dysfonctionnements, telles que des hallucinations, cette suite s’avère d’emblée beaucoup trop prévisible dans ses artifices, et cela dès le générique d’ouverture (pas très net, et donc assez laid). Ainsi, durant les premières minutes de film, les scénaristes nous laissent trop facilement deviner la place de certains objets, de certains endroits, qui joueront un rôle déterminant dans la survie des protagonistes. Cependant, tel que son prédécesseur, « Uncaged » tire ses meilleurs moments des scènes où les filles visitent les grottes, crevasses et autres clairières englouties sous l’eau, alors qu’elles avancent uniquement avec de petites lumières sous-marines dans l’obscurité la plus totale, et donc à l’aveuglette, étant donné qu’elles ne connaissent pas les lieux, et qu’une épaisse vase s’est mélangée à l’eau.

Dès lors, elles ne sont jamais à l’abri de croiser un compagnon de route aux dents acérées... Johannes Roberts n’a donc pas perdu de son talent à créer une certaine tension par la peur de l’obscurité et de l’inconnu. Mais dans le genre « survival » en milieu hostile, on a déjà vu plus efficace, tandis que les claustrophobes n’auront pas trop de souci à se faire, étant donné que cette ville Maya est étonnement pauvre en diversité dans ses décors. On a ainsi l’impression de voir toujours la même chose, de tourner en rond, ce qui nous donne dès lors le temps de nous s’y accoutumer.
Parlons maintenant de ces prédateurs, gigantesques, malgré la petitesse des lieux (si ce ne sont deux, trois grandes salles visitées). On se demande bien comment de tels animaux peuvent bien y survivre, seuls, avec (jusque-là) comme unique repas quelques maigres poissons aveugles d’un autre temps. Cela explique sans doute leur appétit très vorace, eux qui ne laissent pas beaucoup de membres aux humains, tandis qu’ils repassent à table aussitôt pour une seconde tournée... Tout cela est peu crédible, voire incohérent, et risque encore d’endommager l’image des squales, eux qui sont notamment massacrés (même les espèces menacées) à l’Île de la Réunion par le CRA (Centre de Ressources et d’Appui pour la réduction du risque requin), à la suite d’attaques...

Cerise sur le gâteau : alors que l’on parvenait, tant bien que mal, à ressentir un brin de pitié pour les victimes de l’expédition d’observation de requins dans le précédent film, on n’a que faire ici de ce qu’il advient des quatre demoiselles, sans parler des trois rôles secondaires masculins. Limite, on se dirait même qu’elles n’avaient pas à aller là où il ne fallait pas aller. C’est triste à dire, et pourtant vrai !

Vous l’avez compris, cette suite est beaucoup moins réussie que son prédécesseur, lui qui parvenait à nous appâter, nous surprendre, et à jouer avec nous, jusqu’au dénouement.



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