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CINECURE
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Joachim Trier
Verdens verste menneske (Julie en 12 chapitres)
Sortie le 17 novembre 2021
Article mis en ligne le 11 octobre 2021

par Charles De Clercq

Synopsis : Julie, bientôt 30 ans, n’arrive pas à se fixer dans la vie. Alors qu’elle pense avoir trouvé une certaine stabilité auprès d’Aksel, 45 ans, auteur à succès, elle rencontre le jeune et séduisant Eivind.

Avec : Renate Reinsve, Anders Danielsen Lie, Herbert Nordrum

Après Thelma, un film de « genre » et une romance (lesbienne) fantastique en 2017, Joachim Trier nous offre avec ce cinquième long métrage un tout autre genre de film. Celui-ci a été présenté à Cannes en 2021 (quoique tournée en 2020 — mais un tournage chamboulé du fait des interruptions dues à la pandémie du Covid19) et l’actrice Renate Reinsve qui interprète le rôle-titre de Julie a obtenu le prix d’interprétation féminine, prix amplement mérité.

Le film se découpe en douze chapitres, mais, avec un prologue et un épilogue (le tout annoncé depuis le début et chaque fois titré à l’écran), cela fait en réalité quatorze parties (pour la plupart de même durée, l’une étant sensiblement plus courte que les autres). Ce sont douze variations sur le thème de l’amour, mais également celui de l’entrée dans la vie, qui nous sont proposées dans un très beau mélodrame qui nous propose de découvrir les atermoiements de Julie. Oserait-on : « les désarrois de (l’élève) Julie » qui ne sait pas toujours ce qu’elle veut. A dire vrai, le titre français est plus neutre que le titre original ou le titre à l’international. Le titre français a la neutralité de la description purement factuelle de la structure de la narration. En revanche, « Verdens verste menneske » (ou « The Worst Pesron in the World » en anglais) se traduit littéralement par « La pire personne au monde » !

Et lorsque l’on aura vu la pétillante, mais indécise Julie à l’écran, il sera quand même bien difficile d’y voir « la pire personne », et même une mauvaise personne. C’est que ce titre officiel ne désigne pas Julie, mais Eivind, selon la voix off qui le qualifie ainsi du fait de sa banalité, de ce qu’il n’est pas un artiste et du fait qu’il a empêché Julie de l’être. Julie vit de l’air du temps. Elle sait ce qu’elle veut, ou croit le savoir, mais changera au gré des circonstances et des événements sur les quatre ans que dure l’intrigue du film. Une voix off nous fait entendre ses indécisions, ses doutes, ses choix.

Renate Reinsve, née en 1987, a l’âge de son personnage et appartient donc à ce que l’on appelle la « génération Y », celle dite des « milléniaux ». Comme travailleurs, ils seraient censés remettre en cause les contraintes qu’on peut leur imposer. Ici, pour Julie, il ne s’agit pas de travail en première instance, mais de la vie, tout simplement, comme adulte donc. Et cette vie se jouera entre deux amours, tout d’abord avec Aksel, son ainé (remarquablement interprété par Anders Danielsen Lie que l’on découvre également sur les écrans en novembre 2021 dans Bergman Island), une rencontre d’un soir qu’elle ne veut pas poursuivre... et pourtant, l’indécision entraînera une certitude jusqu’au soir où, au cours d’une soirée où elle s’est incrustée, elle rencontrera le jeune Eivind (lui aussi un millénial !, interprété par l’excellent Herbert Nordrum - relativement méconnu chez nous), qui vit en couple et n’est pas libre ! Mais peu importe, l’un et l’autre feront fi de leurs indécisions respectives !

Au gré des chapitres de sa vie et de son existence, Julie devra faire des choix, possiblement revenir en arrière, rêver (un des chapitres justement y est consacré et, pendant ce temps, le temps suspend son vol ! Une scène très poétique, mais aussi techniquement bien filmée, sans trucage, car les différents protagonistes sont restés immobiles et stoïques durant le tournage de cette séquence).

Nous ne spoilerons pas davantage le film que nous ne pouvons que recommander, et qui outre son prix d’interprétation féminine amplement mérité, aurait pu obtenir celui de la mise en scène pour cette représentation des aventures d’une femme en quête de sens, du sens de sa vie. Une quête qui devrait parler à beaucoup, qu’ils fassent ou pas de la « génération Y ».



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